Finies les toilettes genrées
au Parlement canadien
Dans le cadre des travaux de réfection du Parlement canadien, le gouvernement a décidé de mettre au rancart toutes les toilettes genrées. Des groupes de défense des droits des personnes LGBTQ+ espèrent qu’Ottawa servira d’exemple aux provinces et territoires.
Les quelque 200 toilettes de l’édifice du Centre et du centre d’accueil du Parlement seront exemptes d’identification de genre.
Plus de la moitié seront des toilettes individuelles [...] accessibles à tous les sexes, confirme la porte-parole du ministère de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), Michèle LaRose.
Il s’agit d’installations privées, comprenant une seule toilette et un seul lavabo, destinées à l’usage d’une seule personne à la fois.
Par ailleurs, 70 toilettes sont conçues pour être sans obstacle, c’est-à-dire qu’elles seront accessibles aux fauteuils roulants, ajoute Mme Larose.
Et 15 autres toilettes seront à accès universel pour qu’elles soient sans obstacle [et qu’elles offrent] un espace de manœuvre supplémentaire. Ces toilettes auront leur propre lavabo.
Pouvons-nous qualifier toutes ces toilettes de mixtes? La porte-parole de SPAC, Michèle LaRose, répond que les toilettes seront conçues pour être inclusives et accessibles à tous.
D’ailleurs, il n’y aura plus d’urinoirs au Parlement.
Avant les travaux de rénovation au Parlement, on y comptait 210 toilettes. Parmi elles, 87 étaient des toilettes communes spécifiquement destinées aux hommes. Elles comportaient 40 urinoirs. Pour leur part, les femmes avaient accès à 55 toilettes communes. Il y avait aussi une soixantaine de toilettes privées.
Une avancée pour les personnes
de la diversité des genresL’abolition des toilettes genrées au Parlement constitue un changement majeur pour les groupes
de défense des personnes trans et de la diversité des genres.
Le responsable du Réseau de la Fierté à la fonction publique, Jason Bett, croit qu’il est formidable de savoir que la réhabilitation a été guidée par les principes d'inclusion et d'accessibilité.
Dans un courriel, M. Bett affirme que c'est exactement comme cela que cela devrait être.
Avec des toilettes non genrées, on n’a pas à se poser la question, si je prends cette toilette-là, est-ce que je vais me faire regarder, est-ce que je vais avoir des commentaires? Est-ce que les gens vont trouver ça étrange que je sois à cet endroit-là? relate le président de Trans Outaouais, Lionel Lehouillier.
Est-ce que je suis en train de piler sur ma propre intégrité en tant qu’individu, est-ce que je suis en train de me manquer de respect envers mon identité en utilisant telle ou telle toilette? poursuit-il.
Ouvrir en mode plein écranLe président de Trans Outaouais, Lionel Lehouillier, croit que « c’est une belle façon de mener par l’exemple ».
Le président de Trans Outaouais affirme lui-même se poser toutes ces questions quand il se trouve dans un endroit sans toilettes universelles.
Il y a toute une planification mentale qui se fait dans la tête des personnes de la diversité du genre quand vient le temps d’utiliser une toilette, dit Lionel Lehouillier.
Ottawa lance un message politique?C’est un message d’inclusion très large, lance le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos.
Sans vouloir qualifier les futures toilettes du Parlement de non genrées, le ministre libéral affirme que les travaux de restauration du Parlement constituent une opportunité pour offrir des installations sanitaires appropriées [...] à la hauteur des attentes et des besoins des Canadiens.
Les nouvelles toilettes du Parlement seront adaptées aux besoins des années 2030 et suivantes, insiste le ministre.
L’objectif c’est que tous les Canadiens se sentent à l’aise dans ces installations qui vont être modernes. On investit beaucoup d’argent pour que ce soit moderne, adapté, inclusif, accueillant, sécuritaire et intime.
La politologue Geneviève Tellier croit que le gouvernement libéral de Justin Trudeau voit dans ce projet une occasion de lancer un message.
M. Trudeau, on le voit militer pour la cause des femmes, pour la cause des minorités, des populations racialisées et j’ai l’impression que [ça] fait partie de la volonté de M. Trudeau de changer les choses et il n’hésite pas non plus à vouloir bousculer les façons de faire et de proposer de nouvelles avenues, analyse Mme Tellier, qui est professeure à l’École d’études politiques à l’Université d’Ottawa
Ça témoigne d’un changement de mœurs, mais aussi de la volonté d’en discuter et d’affirmer les droits des minorités.
Une citation deGeneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques à l’Université d’OttawaOttawa donne un exemple à la population canadienne très certainement, ajoute Geneviève Tellier.
L’enjeu pour le gouvernement, ça va être de bien faire cette transformation-là pour justement ne pas créer d’autres problèmes. Cela se jouera dans les détails, croit Mme Tellier, car le sujet des toilettes est sensible.
Elle avance qu’une fois que les choses sont plutôt normales, puisque c’est dans l’ordre établi,
d’autres gouvernements pourraient changer leur façon de faire.
Un exemple pour les gouvernements provinciauxLe président de Trans Outaouais, Lionel Lehouillier, croit que c’est une belle façon de mener par l’exemple, mais aussi de donner concrètement un exemple de comment ça peut se faire [et que] ça peut se faire.
Il souhaite que les provinces et territoires emboîtent le pas au gouvernement fédéral et misent sur des lieux plus accessibles et inclusifs.
On ne demande pas à tout le monde de prendre un bulldozer et de détruire toutes les toilettes du pays, spécifie Olivia Baker, formatrice et spécialiste en inclusion des personnes LGBTQ+ en milieu de travail à la Fondation Émergence. Mais au fur et à mesure qu’on fait des rénovations, on peut essayer de rendre ça plus inclusif pour tout le monde, insiste-t-elle.
Lionel Lehouillier déplore le fait que malheureusement, dans beaucoup de provinces, il y a une grosse montée de la haine. Selon lui, de plus en plus de gouvernements provinciaux sont un peu plus rigides et résistants à l’accessibilité, à la diversité et à l’inclusion, particulièrement quand ça arrive aux espaces genrés.
L’aménagement des toilettes ne fait pas consensus, il y a beaucoup de craintes qui sont associées à ça, note Mme Baker. Au Québec en particulier, elle observe ce qu’elle qualifie de peur viscérale des toilettes mixtes, depuis qu’une pétition a été lancée pour dénoncer l’intention d’une école de transformer des toilettes en un « bloc sanitaire mixte ».
Olivia Baker de la Fondation Émergence croit que les institutions comme le gouvernement fédéral qui rendent leurs toilettes plus inclusives pourront normaliser ça et faire baisser les craintes des gens. Mme Baker espère que les gens vont réaliser que les toilettes inclusives, c’est littéralement juste des toilettes, un petit peu comme ce qu’on a chez nous.
Le président de Trans Outaouais craint toutefois que le projet de toilettes inclusives au Parlement ne se concrétise jamais. C’est sûr que c’est le fun d’avoir cette initiative-là, mais ça vient avec un grain de sel de ce qui va arriver aux prochaines élections parce que les sondages ne sont pas du côté des libéraux, tranche Lionel Lehouillier.
Le Parti conservateur du Canada n’a pas souhaité commenter cette transformation. C’est plus de voir est-ce qu’il y a un malaise pour les hommes et les femmes d’être dans la même toilette, mais je pense que ça dépend c’est quel genre de toilettes et comment c’est intégré, a néanmoins mentionné le député Pierre Paul-Hus.
Création d’un nouveau guide
fédéral sur les toilettesPar ailleurs, le gouvernement fédéral développe actuellement un guide de conception des [toilettes] inclusives qui sera utilisé dans les projets de SPAC, signale la porte-parole Michèle LaRose.
Le guide offrira des options de mise en œuvre, incluant une approche pour les douches et les vestiaires, spécifie-t-elle.
Contrairement au Parlement, les autres édifices fédéraux continueront d’avoir des toilettes genrées, avertit Mme LaRose. Le gouvernement souhaite ajouter des toilettes inclusives pour offrir différentes options.
L'approche de SPAC est d'ajouter des [toilettes] inclusives dans les projets de rénovation
ou de modernisation et non d’éliminer les toilettes genrées.
En avril 2021, Ottawa a mis au point une orientation gouvernementale sur les toilettes. L’objectif est d’avoir au moins une toilette à accès universel dans chacun des édifices. Actuellement, un peu plus de 82 % des édifices fédéraux respectent ce critère.
Dans un courriel, M. Bett affirme que c'est exactement comme cela que cela devrait être.
Avec des toilettes non genrées, on n’a pas à se poser la question, si je prends cette toilette-là, est-ce que je vais me faire regarder, est-ce que je vais avoir des commentaires? Est-ce que les gens vont trouver ça étrange que je sois à cet endroit-là? relate le président de Trans Outaouais, Lionel Lehouillier.
Est-ce que je suis en train de piler sur ma propre intégrité en tant qu’individu, est-ce que je suis en train de me manquer de respect envers mon identité en utilisant telle ou telle toilette? poursuit-il.
Ouvrir en mode plein écranLe président de Trans Outaouais, Lionel Lehouillier, croit que « c’est une belle façon de mener par l’exemple ».
Le président de Trans Outaouais affirme lui-même se poser toutes ces questions quand il se trouve dans un endroit sans toilettes universelles.
Il y a toute une planification mentale qui se fait dans la tête des personnes de la diversité du genre quand vient le temps d’utiliser une toilette, dit Lionel Lehouillier.
Ottawa lance un message politique?C’est un message d’inclusion très large, lance le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos.
Sans vouloir qualifier les futures toilettes du Parlement de non genrées, le ministre libéral affirme que les travaux de restauration du Parlement constituent une opportunité pour offrir des installations sanitaires appropriées [...] à la hauteur des attentes et des besoins des Canadiens.
Les nouvelles toilettes du Parlement seront adaptées aux besoins des années 2030 et suivantes, insiste le ministre.
L’objectif c’est que tous les Canadiens se sentent à l’aise dans ces installations qui vont être modernes. On investit beaucoup d’argent pour que ce soit moderne, adapté, inclusif, accueillant, sécuritaire et intime.
La politologue Geneviève Tellier croit que le gouvernement libéral de Justin Trudeau voit dans ce projet une occasion de lancer un message.
M. Trudeau, on le voit militer pour la cause des femmes, pour la cause des minorités, des populations racialisées et j’ai l’impression que [ça] fait partie de la volonté de M. Trudeau de changer les choses et il n’hésite pas non plus à vouloir bousculer les façons de faire et de proposer de nouvelles avenues, analyse Mme Tellier, qui est professeure à l’École d’études politiques à l’Université d’Ottawa
Ça témoigne d’un changement de mœurs, mais aussi de la volonté d’en discuter et d’affirmer les droits des minorités.
Une citation deGeneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques à l’Université d’OttawaOttawa donne un exemple à la population canadienne très certainement, ajoute Geneviève Tellier.
L’enjeu pour le gouvernement, ça va être de bien faire cette transformation-là pour justement ne pas créer d’autres problèmes. Cela se jouera dans les détails, croit Mme Tellier, car le sujet des toilettes est sensible.
Elle avance qu’une fois que les choses sont plutôt normales, puisque c’est dans l’ordre établi,
d’autres gouvernements pourraient changer leur façon de faire.
Un exemple pour les gouvernements provinciauxLe président de Trans Outaouais, Lionel Lehouillier, croit que c’est une belle façon de mener par l’exemple, mais aussi de donner concrètement un exemple de comment ça peut se faire [et que] ça peut se faire.
Il souhaite que les provinces et territoires emboîtent le pas au gouvernement fédéral et misent sur des lieux plus accessibles et inclusifs.
On ne demande pas à tout le monde de prendre un bulldozer et de détruire toutes les toilettes du pays, spécifie Olivia Baker, formatrice et spécialiste en inclusion des personnes LGBTQ+ en milieu de travail à la Fondation Émergence. Mais au fur et à mesure qu’on fait des rénovations, on peut essayer de rendre ça plus inclusif pour tout le monde, insiste-t-elle.
Lionel Lehouillier déplore le fait que malheureusement, dans beaucoup de provinces, il y a une grosse montée de la haine. Selon lui, de plus en plus de gouvernements provinciaux sont un peu plus rigides et résistants à l’accessibilité, à la diversité et à l’inclusion, particulièrement quand ça arrive aux espaces genrés.
L’aménagement des toilettes ne fait pas consensus, il y a beaucoup de craintes qui sont associées à ça, note Mme Baker. Au Québec en particulier, elle observe ce qu’elle qualifie de peur viscérale des toilettes mixtes, depuis qu’une pétition a été lancée pour dénoncer l’intention d’une école de transformer des toilettes en un « bloc sanitaire mixte ».
Olivia Baker de la Fondation Émergence croit que les institutions comme le gouvernement fédéral qui rendent leurs toilettes plus inclusives pourront normaliser ça et faire baisser les craintes des gens. Mme Baker espère que les gens vont réaliser que les toilettes inclusives, c’est littéralement juste des toilettes, un petit peu comme ce qu’on a chez nous.
Le président de Trans Outaouais craint toutefois que le projet de toilettes inclusives au Parlement ne se concrétise jamais. C’est sûr que c’est le fun d’avoir cette initiative-là, mais ça vient avec un grain de sel de ce qui va arriver aux prochaines élections parce que les sondages ne sont pas du côté des libéraux, tranche Lionel Lehouillier.
Le Parti conservateur du Canada n’a pas souhaité commenter cette transformation. C’est plus de voir est-ce qu’il y a un malaise pour les hommes et les femmes d’être dans la même toilette, mais je pense que ça dépend c’est quel genre de toilettes et comment c’est intégré, a néanmoins mentionné le député Pierre Paul-Hus.
Création d’un nouveau guide
fédéral sur les toilettesPar ailleurs, le gouvernement fédéral développe actuellement un guide de conception des [toilettes] inclusives qui sera utilisé dans les projets de SPAC, signale la porte-parole Michèle LaRose.
Le guide offrira des options de mise en œuvre, incluant une approche pour les douches et les vestiaires, spécifie-t-elle.
Contrairement au Parlement, les autres édifices fédéraux continueront d’avoir des toilettes genrées, avertit Mme LaRose. Le gouvernement souhaite ajouter des toilettes inclusives pour offrir différentes options.
L'approche de SPAC est d'ajouter des [toilettes] inclusives dans les projets de rénovation
ou de modernisation et non d’éliminer les toilettes genrées.
En avril 2021, Ottawa a mis au point une orientation gouvernementale sur les toilettes. L’objectif est d’avoir au moins une toilette à accès universel dans chacun des édifices. Actuellement, un peu plus de 82 % des édifices fédéraux respectent ce critère.