Le Canada va trop loin avec l'aide médicale
à mourir. Le danger d'abus devient
de plus en plus évident
La mort par un médecin n'est plus rare, alors que nous nous dirigeons vers un système qui tue des gens parce qu'ils sont désespérés ou jetables ou trop coûteux à maintenir en vie.
Comment l'impensable devient-il non seulement pensable, mais apparemment inévitable ? Comment normalisons-nous des choses que nous considérions récemment non seulement comme anormales, mais comme horribles ?
La question se pose parce qu'une importante organisation médicale canadienne pousse l'idée de permettre aux médecins de faire quelque chose qui a longtemps été considéré comme impensable et anormal : tuer des nourrissons nés
avec des conditions qui rendent la survie impossible.
Le Collège des médecins du Québec l'a fait valoir devant un comité parlementaire étudiant les changements à la loi canadienne sur l'aide médicale à mourir (AMM), alias le suicide assisté.
Pour être clair, la proposition du collège ne concerne que les nouveau-nés atteints de malformations graves dont la chance de vivre est "essentiellement nulle". Ce ne serait pas une licence pour tuer des bébés. Mais soyons également clairs à ce sujet : autoriser les médecins à euthanasier activement les nourrissons - plutôt que de laisser la nature suivre son cours -
franchit une ligne autrefois considérée comme inviolable.
Le collège suggère également de brouiller les choses d'autres manières. Il soutient l'extension de l'AMM aux «mineurs matures», c'est-à-dire aux adolescents âgés de 14 à 17 ans, et souhaite que nous réfléchissions à autoriser l'euthanasie pour les personnes âgées qui sont simplement «fatiguées de vivre».
Maintenant, les lois canadiennes sur l'AMM vont depuis longtemps bien au-delà du concept original (et louable) d'épargner aux personnes en phase terminale une agonie inutile à la fin de leur vie, permettant une soi-disant « mort dans la dignité ». Lorsque la loi a été adoptée en 2016, elle ne précisait pas qu'une personne devait être en phase terminale pour avoir droit à une aide médicale à mourir, et l'année dernière, elle a été modifiée pour supprimer l'exigence selon laquelle la mort doit être «raisonnablement prévisible».
Le système est sur le point d'être étendu encore plus. En mars, les règles doivent être modifiées pour permettre à une personne de se qualifier pour l'AMM si elle souffre uniquement d'une maladie mentale . Et le débat sur son extension à ces « mineurs matures » est actif. La perspective qu'un jeune de 16 ans gravement déprimé soit euthanasié dans ce pays ne peut plus être rejetée comme le cauchemar de ces penseurs de la "pente glissante" qui ont toujours craint que l'AMM ne se transforme en mort sur demande.
Mais c'est bien la direction dans laquelle nous nous dirigeons. Dès lors que le débat porte exclusivement sur « l'autonomie » personnelle, c'est-à-dire le droit de décider soi-même de ce qu'il faut faire de sa propre vie, alors pourquoi ne pas laisser les personnes dont la souffrance est psychologique plutôt que physique, ou qui n'ont pas atteint l'âge adulte, ou dont la mort est peut-être encore dans des années, exiger qu'un médecin mette fin à ses souffrances ?
Le gouvernement semble emporté par cette logique, incapable ou peu disposé à trouver une raison de tracer une ligne nulle part. Mais à mesure que la loi s'élargit, le danger d'abus devient de plus en plus apparent.
L'extension de l'AMM aux personnes atteintes de maladies mentales comporte des risques évidents, étant donné que les pensées suicidaires peuvent faire partie intégrante de certaines conditions psychologiques. Les défenseurs des personnes handicapées avertissent que l'élargissement des critères de l'AMM rend leur vie plus jetable que les autres, et craignent que les personnes
handicapées ne se sentent obligées d'emprunter cette voie.
Nous entendons parler de plus en plus de cas de personnes désespérées par la pauvreté et les maladies chroniques, qui ne peuvent pas obtenir l'aide dont elles ont besoin d'un système de santé très sollicité. Certains se tourneront-ils vers le MAID comme échappatoire ? En février, une Ontarienne de 51 ans a choisi de mourir parce qu'elle ne trouvait pas de logement abordable qui n'aggraverait pas sa sensibilité chimique. Global News rapporte le cas d'un homme de 65 ans nommé Les Landry qui envisage l'AMM parce qu'il est tombé dans la pauvreté et ne voit pas d'autre solution.
Ce n'est pas un problème marginal. Les décès par médecin sont loin d'être rares au Canada maintenant. Quelque 31 600 personnes sont passées par là depuis 2016 et l'AMM représente 3,3 % de tous les décès au Canada --
près de 5 % au Québec et en Colombie-Britannique.
Pour dire l'évidence, ou ce qui devrait être évident : nous ne devrions pas avoir un système qui tue des gens parce qu'ils sont désespérés ou jetables ou trop coûteux à maintenir en vie. Mais en ce moment, nous nous dirigeons vers quelque chose comme ça, et il semble que nous ne sachions pas comment nous arrêter.
La question se pose parce qu'une importante organisation médicale canadienne pousse l'idée de permettre aux médecins de faire quelque chose qui a longtemps été considéré comme impensable et anormal : tuer des nourrissons nés
avec des conditions qui rendent la survie impossible.
Le Collège des médecins du Québec l'a fait valoir devant un comité parlementaire étudiant les changements à la loi canadienne sur l'aide médicale à mourir (AMM), alias le suicide assisté.
Pour être clair, la proposition du collège ne concerne que les nouveau-nés atteints de malformations graves dont la chance de vivre est "essentiellement nulle". Ce ne serait pas une licence pour tuer des bébés. Mais soyons également clairs à ce sujet : autoriser les médecins à euthanasier activement les nourrissons - plutôt que de laisser la nature suivre son cours -
franchit une ligne autrefois considérée comme inviolable.
Le collège suggère également de brouiller les choses d'autres manières. Il soutient l'extension de l'AMM aux «mineurs matures», c'est-à-dire aux adolescents âgés de 14 à 17 ans, et souhaite que nous réfléchissions à autoriser l'euthanasie pour les personnes âgées qui sont simplement «fatiguées de vivre».
Maintenant, les lois canadiennes sur l'AMM vont depuis longtemps bien au-delà du concept original (et louable) d'épargner aux personnes en phase terminale une agonie inutile à la fin de leur vie, permettant une soi-disant « mort dans la dignité ». Lorsque la loi a été adoptée en 2016, elle ne précisait pas qu'une personne devait être en phase terminale pour avoir droit à une aide médicale à mourir, et l'année dernière, elle a été modifiée pour supprimer l'exigence selon laquelle la mort doit être «raisonnablement prévisible».
Le système est sur le point d'être étendu encore plus. En mars, les règles doivent être modifiées pour permettre à une personne de se qualifier pour l'AMM si elle souffre uniquement d'une maladie mentale . Et le débat sur son extension à ces « mineurs matures » est actif. La perspective qu'un jeune de 16 ans gravement déprimé soit euthanasié dans ce pays ne peut plus être rejetée comme le cauchemar de ces penseurs de la "pente glissante" qui ont toujours craint que l'AMM ne se transforme en mort sur demande.
Mais c'est bien la direction dans laquelle nous nous dirigeons. Dès lors que le débat porte exclusivement sur « l'autonomie » personnelle, c'est-à-dire le droit de décider soi-même de ce qu'il faut faire de sa propre vie, alors pourquoi ne pas laisser les personnes dont la souffrance est psychologique plutôt que physique, ou qui n'ont pas atteint l'âge adulte, ou dont la mort est peut-être encore dans des années, exiger qu'un médecin mette fin à ses souffrances ?
Le gouvernement semble emporté par cette logique, incapable ou peu disposé à trouver une raison de tracer une ligne nulle part. Mais à mesure que la loi s'élargit, le danger d'abus devient de plus en plus apparent.
L'extension de l'AMM aux personnes atteintes de maladies mentales comporte des risques évidents, étant donné que les pensées suicidaires peuvent faire partie intégrante de certaines conditions psychologiques. Les défenseurs des personnes handicapées avertissent que l'élargissement des critères de l'AMM rend leur vie plus jetable que les autres, et craignent que les personnes
handicapées ne se sentent obligées d'emprunter cette voie.
Nous entendons parler de plus en plus de cas de personnes désespérées par la pauvreté et les maladies chroniques, qui ne peuvent pas obtenir l'aide dont elles ont besoin d'un système de santé très sollicité. Certains se tourneront-ils vers le MAID comme échappatoire ? En février, une Ontarienne de 51 ans a choisi de mourir parce qu'elle ne trouvait pas de logement abordable qui n'aggraverait pas sa sensibilité chimique. Global News rapporte le cas d'un homme de 65 ans nommé Les Landry qui envisage l'AMM parce qu'il est tombé dans la pauvreté et ne voit pas d'autre solution.
Ce n'est pas un problème marginal. Les décès par médecin sont loin d'être rares au Canada maintenant. Quelque 31 600 personnes sont passées par là depuis 2016 et l'AMM représente 3,3 % de tous les décès au Canada --
près de 5 % au Québec et en Colombie-Britannique.
Pour dire l'évidence, ou ce qui devrait être évident : nous ne devrions pas avoir un système qui tue des gens parce qu'ils sont désespérés ou jetables ou trop coûteux à maintenir en vie. Mais en ce moment, nous nous dirigeons vers quelque chose comme ça, et il semble que nous ne sachions pas comment nous arrêter.
Andrew Phillips
The Toronto Star
Le Canada va trop loin avec l'aide médicale à mourir. Le danger d'abus devient de plus en plus évident | L'étoile (www-thestar-com.translate.goog)
The Toronto Star
Le Canada va trop loin avec l'aide médicale à mourir. Le danger d'abus devient de plus en plus évident | L'étoile (www-thestar-com.translate.goog)