65 millions pour réduire les suicides
de 10 % d’ici quatre ans
Soixante-cinq millions. C’est la somme qu’allouera le gouvernement Legault à sa nouvelle stratégie nationale de prévention du suicide, avec l’objectif « ambitieux » de réduire de 10 % le nombre de morts dues à des suicides d’ici quatre ans. Une annonce bien reçue par le milieu, qui demande toutefois que l’argent se rende aux bons endroits.
« Il reste quand même encore trop de suicides au Québec. On parle d’un peu plus de 1000 suicides par année au Québec. Et ramenez ça par jour, trois suicides par jour. C’est déjà beaucoup trop », a indiqué le ministre de la Santé, Christian Dubé, dont des amis ont été affectés par le « suicide d’enfants ». « On en connaît tous, et les statistiques sont éloquentes », a-t-il affirmé.
Québec veut notamment passer sous la barre des 1000 morts par suicide d’ici 2026. Sans se donner de cibles chiffrées, les autorités disent aussi viser à « diminuer la prévalence des idées suicidaires » et des tentatives de suicide dans un horizon de quatre ans. M. Dubé le reconnaît : une réduction de 10 % en quatre ans est un objectif « ambitieux ». « On pourrait dire aussi que d’en réduire un chaque fois, c’est un succès. Mais notre objectif ultime, ça devrait être zéro. […] Il faut toujours faire mieux », a-t-il jugé.
D’après les plus récentes observations du Bureau du coroner en chef du Québec, colligées par l’Institut national de santé publique (INSPQ), on estime que 1016 Québécois ont mis fin à leurs jours en 2020. Pour l’instant, il s’agirait donc de 112 suicides de moins qu’en 2019. Cette année-là, 1128 personnes s’étaient suicidées au Québec. En 2018, ce chiffre était de 1094. Les données de 2021 ne sont pas encore disponibles. Les plus touchés actuellement sont les 50 à 64 ans, surtout chez les hommes.
Le directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), Jérôme Gaudreault, a applaudi l’annonce. « Il est temps de se donner de nouveaux moyens pour faire en sorte qu’on connaisse une nouvelle baisse spectaculaire », a-t-il dit, s’inquiétant que la province « stagne » depuis quelques années dans la diminution des suicides. « On a une vision : c’est celle de bâtir un Québec sans suicide. C’est très ambitieux, mais on y croit fermement », a encore insisté M. Gaudreault, appelant le gouvernement à donner « la marge de manœuvre et les outils aux communautés afin qu’elles puissent s’organiser elles-mêmes ».
Coprésident du Collectif pour une stratégie nationale en prévention du suicide, Michael Sheehan, lui, a indiqué que de « gros gains sont à notre portée ». « Un Québec sans suicides est possible, à une condition : c’est que tous, nous mettions nos ressources en commun et qu’on travaille ensemble. Et on est capables de le faire », a dit celui qui a perdu l’un de ses enfants à cause du suicide. « Il faut assurer l’accès aux services partout dans la province. Habiter le bout de la Côte-Nord et habiter Montréal, ce n’est pas la même chose », a enchaîné l’autre coprésidente du Collectif, Lorraine Deschênes, aussi endeuillée par le suicide.
Normaliser la demande d’aideConcrètement, la Stratégie nationale 2022-2026 – qui s’inscrit dans le Plan santé du ministre Dubé – poursuit plusieurs grands objectifs. Elle vise notamment à normaliser la demande d’aide, en particulier chez les hommes, en donnant plus d’information sur les ressources existantes.
Au cabinet du ministre, on indique vouloir porter une attention particulière aux « effets pervers possibles » des activités de sensibilisation auprès de la population, en informant la population et les médias sur les bonnes pratiques à adopter
lorsque le suicide est abordé dans l’espace public.
Québec compte par ailleurs dorénavant suivre l’évolution des moyens qu’utilisent les Québécois pour se donner la mort, citant notamment le nombre de surdoses ou « l’accès aux lieux élevés et autres structures ». En décembre dernier, La Presse a rapporté qu’une recrudescence des tentatives de suicide a poussé le Groupe Signature sur le Saint-Laurent (SSLG) à « amorcer une réflexion » sur la sécurité au pont Samuel-De Champlain (PSDC). Plusieurs experts s’inquiétaient alors de la hausse de la détresse un peu partout dans la société depuis quelques mois.
Dans le réseau de la santé, les autorités souhaitent également sensibiliser les médecins et tout autre professionnel « aux risques que représente l’usage de certains médicaments » dans le contexte de comportements suicidaires. Enfin, le gouvernement Legault vise à développer un mécanisme lui permettant de contacter systématiquement les familles et les proches à la suite d’une mort par suicide.
La nouvelle stratégie nationale gouvernementale est issue d’un large processus de consultations, qui a été mené au cours des derniers mois avec plusieurs organismes du réseau de la santé et des services sociaux, des ordres professionnels,
des groupes de recherche et des organisations syndicales, entre autres.
Avec la collaboration de Fanny Lévesque, La Presse
Québec veut notamment passer sous la barre des 1000 morts par suicide d’ici 2026. Sans se donner de cibles chiffrées, les autorités disent aussi viser à « diminuer la prévalence des idées suicidaires » et des tentatives de suicide dans un horizon de quatre ans. M. Dubé le reconnaît : une réduction de 10 % en quatre ans est un objectif « ambitieux ». « On pourrait dire aussi que d’en réduire un chaque fois, c’est un succès. Mais notre objectif ultime, ça devrait être zéro. […] Il faut toujours faire mieux », a-t-il jugé.
D’après les plus récentes observations du Bureau du coroner en chef du Québec, colligées par l’Institut national de santé publique (INSPQ), on estime que 1016 Québécois ont mis fin à leurs jours en 2020. Pour l’instant, il s’agirait donc de 112 suicides de moins qu’en 2019. Cette année-là, 1128 personnes s’étaient suicidées au Québec. En 2018, ce chiffre était de 1094. Les données de 2021 ne sont pas encore disponibles. Les plus touchés actuellement sont les 50 à 64 ans, surtout chez les hommes.
Le directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS), Jérôme Gaudreault, a applaudi l’annonce. « Il est temps de se donner de nouveaux moyens pour faire en sorte qu’on connaisse une nouvelle baisse spectaculaire », a-t-il dit, s’inquiétant que la province « stagne » depuis quelques années dans la diminution des suicides. « On a une vision : c’est celle de bâtir un Québec sans suicide. C’est très ambitieux, mais on y croit fermement », a encore insisté M. Gaudreault, appelant le gouvernement à donner « la marge de manœuvre et les outils aux communautés afin qu’elles puissent s’organiser elles-mêmes ».
Coprésident du Collectif pour une stratégie nationale en prévention du suicide, Michael Sheehan, lui, a indiqué que de « gros gains sont à notre portée ». « Un Québec sans suicides est possible, à une condition : c’est que tous, nous mettions nos ressources en commun et qu’on travaille ensemble. Et on est capables de le faire », a dit celui qui a perdu l’un de ses enfants à cause du suicide. « Il faut assurer l’accès aux services partout dans la province. Habiter le bout de la Côte-Nord et habiter Montréal, ce n’est pas la même chose », a enchaîné l’autre coprésidente du Collectif, Lorraine Deschênes, aussi endeuillée par le suicide.
Normaliser la demande d’aideConcrètement, la Stratégie nationale 2022-2026 – qui s’inscrit dans le Plan santé du ministre Dubé – poursuit plusieurs grands objectifs. Elle vise notamment à normaliser la demande d’aide, en particulier chez les hommes, en donnant plus d’information sur les ressources existantes.
Au cabinet du ministre, on indique vouloir porter une attention particulière aux « effets pervers possibles » des activités de sensibilisation auprès de la population, en informant la population et les médias sur les bonnes pratiques à adopter
lorsque le suicide est abordé dans l’espace public.
Québec compte par ailleurs dorénavant suivre l’évolution des moyens qu’utilisent les Québécois pour se donner la mort, citant notamment le nombre de surdoses ou « l’accès aux lieux élevés et autres structures ». En décembre dernier, La Presse a rapporté qu’une recrudescence des tentatives de suicide a poussé le Groupe Signature sur le Saint-Laurent (SSLG) à « amorcer une réflexion » sur la sécurité au pont Samuel-De Champlain (PSDC). Plusieurs experts s’inquiétaient alors de la hausse de la détresse un peu partout dans la société depuis quelques mois.
Dans le réseau de la santé, les autorités souhaitent également sensibiliser les médecins et tout autre professionnel « aux risques que représente l’usage de certains médicaments » dans le contexte de comportements suicidaires. Enfin, le gouvernement Legault vise à développer un mécanisme lui permettant de contacter systématiquement les familles et les proches à la suite d’une mort par suicide.
La nouvelle stratégie nationale gouvernementale est issue d’un large processus de consultations, qui a été mené au cours des derniers mois avec plusieurs organismes du réseau de la santé et des services sociaux, des ordres professionnels,
des groupes de recherche et des organisations syndicales, entre autres.
Avec la collaboration de Fanny Lévesque, La Presse
HENRI OUELLETTE-VÉZINA
LA PRESSE
65 millions pour réduire les suicides de 10 % d’ici quatre ans | La Presse
LA PRESSE
65 millions pour réduire les suicides de 10 % d’ici quatre ans | La Presse