Drainville « étonné de la levée de boucliers »
(Québec) La volonté du ministre de l’Éducation de publier un jour son propre « palmarès des écoles » en se servant des données du gouvernement ne passe pas très bien dans le réseau de l’éducation. Bernard Drainville assure
qu’il s’agit seulement de tirer tout le monde vers le haut.
CE QU’IL FAUT SAVOIR
Or, en le dévoilant, le ministre a laissé entendre qu’il aspirait à raffiner ces données par école, et à peut-être même en tirer un palmarès.
« Un des objectifs, c’est de faire en sorte que les directions générales des centres de services scolaires puissent apprendre les unes des autres et, oui, se comparer », dit le ministre Drainville en entrevue avec La Presse.
« Si je pousse la logique un peu plus loin, je dis dans quelques années, est-ce qu’on pourrait s’en inspirer pour éventuellement le faire pour les écoles ? On n’en est pas là, mais je ne vois pas pourquoi on devrait se priver d’y réfléchir », poursuit le ministre.
Différence de contexte entre les écolesLes réactions n’ont pas tardé.
« Des données décontextualisées, ça ne dit pas grand-chose », observe Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES)
Elle cite par exemple les données qu’on pourrait recueillir sur le taux de diplomation à Montréal, où bien des élèves arrivent en classe sans parler le français.
La présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), Kathleen Legault
On pourrait avoir l’impression que c’est parce qu’on n’utilise pas les meilleures méthodes, mais dans les faits, c’est parce qu’on a des élèves qui ont des défis particuliers.
Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES)
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) souhaite que le ministre Drainville abandonne cette idée de palmarès, qui « ne rendra jamais justice à la complexité de ce que c’est, une école », dit sa présidente Mélanie Hubert.
« Il y a un contexte autour des élèves », dit Mme Hubert, qui cite par exemple la pauvreté, qui influe sur la réussite scolaire, mais aussi les ressources communautaires disponibles, l’accompagnement des parents, le logement où vivent les enfants.
« Toutes ces questions viennent jouer sur la réussite et la motivation des élèves », dit Mélanie Hubert.
La présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert
Oui, on peut comparer les centres de services entre eux, mais « il faut le faire d’une manière nuancée », rétorque Bernard Drainville.
« Je suis un peu étonné de la levée de boucliers de certains groupes », dit le ministre.
« Il y a des centres de services scolaires qui comptent plusieurs écoles à fort indice de défavorisation et qui réussissent quand même à obtenir des résultats intéressants aux examens du Ministère », poursuit M. Drainville.
Un tel palmarès dont les données sont compilées par l’Institut Fraser est publié chaque année par Québecor.
La Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) estime qu’il faut « être prudent » avec ces palmarès, vu qu’une « grande partie de l’éducation se mesure difficilement ».
« Il faut respecter que chaque école a un projet éducatif qui lui est propre et elles évoluent dans des environnements fort différents les uns des autres », écrit Geneviève Beauvais, directrice des communications de la FEEP.
Deux tableaux de bordToutes les données dont dispose Québec sur les élèves ne sont pas rendues publiques, et le ministre de l’Éducation parle aussi de son tableau de bord « interne ». Dans l’immédiat, le ministre Drainville dit que les informations « très pointues » qu’il contient permettront d’aider les élèves ou les classes qui sont davantage en difficulté.
Il explique qu’on pourrait, par exemple, mettre davantage de tutorat auprès de classes qui ont « une réussite scolaire sous la moyenne », ou encore ajouter des aides à la classe là où les résultats sont moins bons.
Le Ministère n’interviendra pas directement auprès des écoles, précise le ministre, mais
« pourra outiller les centres de services scolaires » pour le faire.
Quant aux données qui ont été mises en ligne pour tous, se pourrait-il que leur publication en pousse
certains à modifier les résultats à la hausse ?
Bernard Drainville répond qu’il « fait confiance au professionnalisme du corps enseignant ».
Le fait que ce tableau de bord soit public et mis à jour régulièrement est « un bel exercice de transparence »
et va créer « une saine émulation », poursuit-il.
« L’idée, c’est de tirer tout le monde vers le haut », ajoute Bernard Drainville.
qu’il s’agit seulement de tirer tout le monde vers le haut.
CE QU’IL FAUT SAVOIR
- Québec a dévoilé lundi un « tableau de bord » en éducation qui présente neuf indicateurs, dont les postes à pourvoir et les taux de diplomation.
- Le ministre Bernard Drainville souhaiterait, à terme, qu’on puisse comparer les écoles entre elles, comme un « palmarès ».
- Les syndicats et les directions jugent qu’un tel palmarès ne servirait pas les élèves.
Or, en le dévoilant, le ministre a laissé entendre qu’il aspirait à raffiner ces données par école, et à peut-être même en tirer un palmarès.
« Un des objectifs, c’est de faire en sorte que les directions générales des centres de services scolaires puissent apprendre les unes des autres et, oui, se comparer », dit le ministre Drainville en entrevue avec La Presse.
« Si je pousse la logique un peu plus loin, je dis dans quelques années, est-ce qu’on pourrait s’en inspirer pour éventuellement le faire pour les écoles ? On n’en est pas là, mais je ne vois pas pourquoi on devrait se priver d’y réfléchir », poursuit le ministre.
Différence de contexte entre les écolesLes réactions n’ont pas tardé.
« Des données décontextualisées, ça ne dit pas grand-chose », observe Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES)
Elle cite par exemple les données qu’on pourrait recueillir sur le taux de diplomation à Montréal, où bien des élèves arrivent en classe sans parler le français.
La présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), Kathleen Legault
On pourrait avoir l’impression que c’est parce qu’on n’utilise pas les meilleures méthodes, mais dans les faits, c’est parce qu’on a des élèves qui ont des défis particuliers.
Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES)
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) souhaite que le ministre Drainville abandonne cette idée de palmarès, qui « ne rendra jamais justice à la complexité de ce que c’est, une école », dit sa présidente Mélanie Hubert.
« Il y a un contexte autour des élèves », dit Mme Hubert, qui cite par exemple la pauvreté, qui influe sur la réussite scolaire, mais aussi les ressources communautaires disponibles, l’accompagnement des parents, le logement où vivent les enfants.
« Toutes ces questions viennent jouer sur la réussite et la motivation des élèves », dit Mélanie Hubert.
La présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert
Oui, on peut comparer les centres de services entre eux, mais « il faut le faire d’une manière nuancée », rétorque Bernard Drainville.
« Je suis un peu étonné de la levée de boucliers de certains groupes », dit le ministre.
« Il y a des centres de services scolaires qui comptent plusieurs écoles à fort indice de défavorisation et qui réussissent quand même à obtenir des résultats intéressants aux examens du Ministère », poursuit M. Drainville.
Un tel palmarès dont les données sont compilées par l’Institut Fraser est publié chaque année par Québecor.
La Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) estime qu’il faut « être prudent » avec ces palmarès, vu qu’une « grande partie de l’éducation se mesure difficilement ».
« Il faut respecter que chaque école a un projet éducatif qui lui est propre et elles évoluent dans des environnements fort différents les uns des autres », écrit Geneviève Beauvais, directrice des communications de la FEEP.
Deux tableaux de bordToutes les données dont dispose Québec sur les élèves ne sont pas rendues publiques, et le ministre de l’Éducation parle aussi de son tableau de bord « interne ». Dans l’immédiat, le ministre Drainville dit que les informations « très pointues » qu’il contient permettront d’aider les élèves ou les classes qui sont davantage en difficulté.
Il explique qu’on pourrait, par exemple, mettre davantage de tutorat auprès de classes qui ont « une réussite scolaire sous la moyenne », ou encore ajouter des aides à la classe là où les résultats sont moins bons.
Le Ministère n’interviendra pas directement auprès des écoles, précise le ministre, mais
« pourra outiller les centres de services scolaires » pour le faire.
Quant aux données qui ont été mises en ligne pour tous, se pourrait-il que leur publication en pousse
certains à modifier les résultats à la hausse ?
Bernard Drainville répond qu’il « fait confiance au professionnalisme du corps enseignant ».
Le fait que ce tableau de bord soit public et mis à jour régulièrement est « un bel exercice de transparence »
et va créer « une saine émulation », poursuit-il.
« L’idée, c’est de tirer tout le monde vers le haut », ajoute Bernard Drainville.