Québec pourrait étendre la Loi sur laïcité à d’autres employés des écoles
QUÉBEC — La Loi sur la laïcité de l’État – communément appelée loi 21 – pourrait être étendue à d’autres membres du personnel scolaire. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, envisage cette option après avoir étudié le rapport d’enquête qui s’est penché sur 17 écoles pour des manquements à la laïcité.
Le rapport sur les écoles publié vendredi indique que, bien que les enseignants se voyaient interdire les signes religieux, plusieurs autres employés de l’école les arboraient, notamment les responsables des services de garde «qui sont également régulièrement en contact avec les élèves et en situation d’autorité avec ceux-ci».
Plusieurs autres employés qui ont des liens avec les élèves ne sont pas assujettis à l’interdiction, «bien qu’ils exercent en quelque sorte tous une forme d’influence sur les élèves».
Le rapport recommande d’ailleurs de revoir «la liste des personnes visées par l’interdiction de porter un signe religieux».
Incohérences
On note également plusieurs incohérences sur l’application de l’interdiction du port de signes religieux. Ainsi, on rapporte que dans les cas où des enseignants ne respecteraient pas la loi, «il est peu probable que la contravention soit constatée».
Le rapport stipule aussi que des directions et des enseignants ont fait des «ajustements» dans le choix du matériel scolaire «afin d’éviter de heurter certaines croyances religieuses ou culturelles».
«Des enseignants évitent de proposer des romans faisant état de relations amoureuses ou traitant de magie, de sorcellerie, etc. De plus, des sujets d’actualité ne sont pas abordés avec les élèves par certains enseignants, par exemple, le concept d’égalité entre les hommes et les femmes ou l’identité de genre», peut-on lire.
Le document affirme que des sujets abordés dans le cours de Culture et citoyenneté québécoise «engendrent des tensions liées aux convictions religieuses de certains élèves».
«Le fait que certains élèves se bouchent les oreilles lorsque certains sujets sont abordés crée un climat où d’autres élèves, ayant des questionnements sur leur orientation sexuelle, par exemple, évitent de poser des questions ou se sentent mal à l’aise de le faire, de crainte d’être jugés», indique-t-on.
Le rapport mentionne que dans une école secondaire, des élèves portent un signe religieux couvrant tout le visage.
Selon les informations colligées, des professeurs se parlent entre eux dans d’autres langues que le français à l’école. «Ce genre de situation crée un malaise, car les collègues ont l’impression d’être intentionnellement exclus de la conversation ou même d’être visés par la conversation», explique le rapport.
Le document affirme également qu’en raison «du nombre élevé de demandes de congés pour certaines fêtes religieuses, qui peut parfois représenter plus du quart du personnel enseignant, par exemple, il n’est pas toujours possible d’assurer ce service de qualité».
Pour accommoder le plus grand nombre de professeurs possible qui demandent ces congés, les écoles font appel à des suppléants qui vont présenter un film plutôt que d’enseigner le contenu du cours.
«Zones d’ombres»
Dans un communiqué, le ministre dit vouloir s’attaquer aux «zones d’ombres et aux incohérences» mises en lumière dans le rapport. Bernard Drainville a déjà indiqué qu’il comptait déposer un projet de loi pour renforcer la laïcité dans les écoles.
Mis à part les signes religieux, le ministre dit vouloir légiférer notamment sur l’obligation du visage découvert chez les élèves, l’utilisation du français comme langue commune et la gestion des accommodements.
Les vérifications dans les écoles ont été effectuées après la publication d’un rapport dévastateur sur l’école Bedford, à Montréal.
Le rapport faisait état d’un climat toxique imposé par une clique d’enseignants. Ce clan, que le rapport décrivait comme étant «surtout composé d’enseignants d’origine maghrébine», a fait régner un climat d’intimidation tant envers des élèves que d’autres enseignants qui s’opposaient à leurs façons de faire, selon le document.
Onze professeurs de l’école Bedford ont été suspendus depuis.
Il y a deux semaines, deux accompagnateurs avaient publié un plan d’action afin d’éviter des situations comme celles qui se sont produites à l’école Bedford. Ils avaient notamment suggéré d’évaluer les enseignants à chaque deux ans.
Tentative de diversion
Le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) voient dans la publication du rapport une tentative de diversion du fiasco SAAQclic.
«Je suis désolée M. Legault, mais ça ne fera pas oublier les 500 millions en dépassements de coûts et tout le bordel informatique dont vous êtes responsable», a écrit la porte-parole solidaire Ruba Ghazal sur Facebook.
«Disons qu’un gouvernement qui prend au sérieux la gravité du dossier SAAQclic pourrait se garder une petite gêne sur les autres sujets. Il n’y a pas d’urgence d’une journée ou deux», a affirmé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon en mêlée de presse vendredi.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a appelé à la prudence. «Nous réitérons toutefois que ce sont 17 établissements problématiques qui sont visés et que le gouvernement entend faire des modifications législatives qui toucheront quelque 3000 établissements. Il nous apparaît donc important que ça ne serve pas à des fins politiques», a affirmé le président de la CSQ, Éric Gingras.
***
Listes des 17 écoles où il y a eu des enquêtes
– École des Saints-Anges (Saint-Lambert)
– École Henri Beaulieu (Saint-Laurent; Montréal)
– École Saint-Pascal-Baylon (Montréal)
– École Bienville (Montréal)
– École La Voie (Montréal)
– École Saint-Justin (Montréal)
– École la Dauversière-Évangéline (Montréal)
– École Notre-Dame-de-l’Assomption (Montréal)
– École Mont-de-La Salle (Laval)
– École Leblanc (Laval)
– École Jean-Jacques-Rousseau (Boisbriand)
– École Sainte-Odile (Québec)
– École Cardinal Roy (Québec)
– École d’éducation internationale Filteau (Québec)
– École polyvalente de l’Érablière (Gatineau)
– École Saint-Isidore (Chicoutimi; Saguenay)
– École Saint-Denis (Chicoutimi; Saguenay)
Le rapport sur les écoles publié vendredi indique que, bien que les enseignants se voyaient interdire les signes religieux, plusieurs autres employés de l’école les arboraient, notamment les responsables des services de garde «qui sont également régulièrement en contact avec les élèves et en situation d’autorité avec ceux-ci».
Plusieurs autres employés qui ont des liens avec les élèves ne sont pas assujettis à l’interdiction, «bien qu’ils exercent en quelque sorte tous une forme d’influence sur les élèves».
Le rapport recommande d’ailleurs de revoir «la liste des personnes visées par l’interdiction de porter un signe religieux».
Incohérences
On note également plusieurs incohérences sur l’application de l’interdiction du port de signes religieux. Ainsi, on rapporte que dans les cas où des enseignants ne respecteraient pas la loi, «il est peu probable que la contravention soit constatée».
Le rapport stipule aussi que des directions et des enseignants ont fait des «ajustements» dans le choix du matériel scolaire «afin d’éviter de heurter certaines croyances religieuses ou culturelles».
«Des enseignants évitent de proposer des romans faisant état de relations amoureuses ou traitant de magie, de sorcellerie, etc. De plus, des sujets d’actualité ne sont pas abordés avec les élèves par certains enseignants, par exemple, le concept d’égalité entre les hommes et les femmes ou l’identité de genre», peut-on lire.
Le document affirme que des sujets abordés dans le cours de Culture et citoyenneté québécoise «engendrent des tensions liées aux convictions religieuses de certains élèves».
«Le fait que certains élèves se bouchent les oreilles lorsque certains sujets sont abordés crée un climat où d’autres élèves, ayant des questionnements sur leur orientation sexuelle, par exemple, évitent de poser des questions ou se sentent mal à l’aise de le faire, de crainte d’être jugés», indique-t-on.
Le rapport mentionne que dans une école secondaire, des élèves portent un signe religieux couvrant tout le visage.
Selon les informations colligées, des professeurs se parlent entre eux dans d’autres langues que le français à l’école. «Ce genre de situation crée un malaise, car les collègues ont l’impression d’être intentionnellement exclus de la conversation ou même d’être visés par la conversation», explique le rapport.
Le document affirme également qu’en raison «du nombre élevé de demandes de congés pour certaines fêtes religieuses, qui peut parfois représenter plus du quart du personnel enseignant, par exemple, il n’est pas toujours possible d’assurer ce service de qualité».
Pour accommoder le plus grand nombre de professeurs possible qui demandent ces congés, les écoles font appel à des suppléants qui vont présenter un film plutôt que d’enseigner le contenu du cours.
«Zones d’ombres»
Dans un communiqué, le ministre dit vouloir s’attaquer aux «zones d’ombres et aux incohérences» mises en lumière dans le rapport. Bernard Drainville a déjà indiqué qu’il comptait déposer un projet de loi pour renforcer la laïcité dans les écoles.
Mis à part les signes religieux, le ministre dit vouloir légiférer notamment sur l’obligation du visage découvert chez les élèves, l’utilisation du français comme langue commune et la gestion des accommodements.
Les vérifications dans les écoles ont été effectuées après la publication d’un rapport dévastateur sur l’école Bedford, à Montréal.
Le rapport faisait état d’un climat toxique imposé par une clique d’enseignants. Ce clan, que le rapport décrivait comme étant «surtout composé d’enseignants d’origine maghrébine», a fait régner un climat d’intimidation tant envers des élèves que d’autres enseignants qui s’opposaient à leurs façons de faire, selon le document.
Onze professeurs de l’école Bedford ont été suspendus depuis.
Il y a deux semaines, deux accompagnateurs avaient publié un plan d’action afin d’éviter des situations comme celles qui se sont produites à l’école Bedford. Ils avaient notamment suggéré d’évaluer les enseignants à chaque deux ans.
Tentative de diversion
Le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) voient dans la publication du rapport une tentative de diversion du fiasco SAAQclic.
«Je suis désolée M. Legault, mais ça ne fera pas oublier les 500 millions en dépassements de coûts et tout le bordel informatique dont vous êtes responsable», a écrit la porte-parole solidaire Ruba Ghazal sur Facebook.
«Disons qu’un gouvernement qui prend au sérieux la gravité du dossier SAAQclic pourrait se garder une petite gêne sur les autres sujets. Il n’y a pas d’urgence d’une journée ou deux», a affirmé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon en mêlée de presse vendredi.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a appelé à la prudence. «Nous réitérons toutefois que ce sont 17 établissements problématiques qui sont visés et que le gouvernement entend faire des modifications législatives qui toucheront quelque 3000 établissements. Il nous apparaît donc important que ça ne serve pas à des fins politiques», a affirmé le président de la CSQ, Éric Gingras.
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Listes des 17 écoles où il y a eu des enquêtes
– École des Saints-Anges (Saint-Lambert)
– École Henri Beaulieu (Saint-Laurent; Montréal)
– École Saint-Pascal-Baylon (Montréal)
– École Bienville (Montréal)
– École La Voie (Montréal)
– École Saint-Justin (Montréal)
– École la Dauversière-Évangéline (Montréal)
– École Notre-Dame-de-l’Assomption (Montréal)
– École Mont-de-La Salle (Laval)
– École Leblanc (Laval)
– École Jean-Jacques-Rousseau (Boisbriand)
– École Sainte-Odile (Québec)
– École Cardinal Roy (Québec)
– École d’éducation internationale Filteau (Québec)
– École polyvalente de l’Érablière (Gatineau)
– École Saint-Isidore (Chicoutimi; Saguenay)
– École Saint-Denis (Chicoutimi; Saguenay)