Les enfants de la drag
Chacun son truc. Certains nagent, courent ou grimpent. Et puis d’autres se déguisent, se maquillent, dansent, chantent et se déhanchent.
Bienvenue dans l’univers méconnu et flamboyant de la drag… au pays des enfants.
Vous avez bien lu. Drag Kids, film de clôture des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), présenté en fin de semaine, met justement en scène quatre enfants (trois garçons et une fille) de 9 à 11 ans pas tout à fait comme les autres : Stephan (alias Lady Gaga, venu d’Espagne), Jason (Suzan Bee Anthony, des États-Unis), Bracken (Bracken Gvasalia, de Vancouver) et Nemis (ou Queen Lactatia, de Montréal).
Vous les avez d’ailleurs peut-être déjà vus ou entendus : ils étaient de passage à Fierté Montréal en 2018. Le film raconte leur toute première rencontre, et surtout les coulisses de cette prestation originale et inusitée dans la métropole.
Leur truc : la drag. Les paillettes, les plumes, les talons, les cils. Et, bien sûr, l’imitation, par l’entremise de la danse et du chant. Une passion précoce qui, oui, vous l’aurez deviné, peut encore choquer. Même en 2019. Mais avant de juger, lisez ce qui suit :
Bienvenue dans l’univers méconnu et flamboyant de la drag… au pays des enfants.
Vous avez bien lu. Drag Kids, film de clôture des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), présenté en fin de semaine, met justement en scène quatre enfants (trois garçons et une fille) de 9 à 11 ans pas tout à fait comme les autres : Stephan (alias Lady Gaga, venu d’Espagne), Jason (Suzan Bee Anthony, des États-Unis), Bracken (Bracken Gvasalia, de Vancouver) et Nemis (ou Queen Lactatia, de Montréal).
Vous les avez d’ailleurs peut-être déjà vus ou entendus : ils étaient de passage à Fierté Montréal en 2018. Le film raconte leur toute première rencontre, et surtout les coulisses de cette prestation originale et inusitée dans la métropole.
Leur truc : la drag. Les paillettes, les plumes, les talons, les cils. Et, bien sûr, l’imitation, par l’entremise de la danse et du chant. Une passion précoce qui, oui, vous l’aurez deviné, peut encore choquer. Même en 2019. Mais avant de juger, lisez ce qui suit :
À la fin de la journée, tout ce que c’est, c’est ça : des enfants qui se maquillent, se mettent des robes chics et font du lipsync.
C’est ce que c’est. Je ne comprends pas pourquoi c’est si difficile à comprendre pour certains.
C’est ce que c’est. Je ne comprends pas pourquoi c’est si difficile à comprendre pour certains.
- Mère d’un enfant drag
C’est la mère d’un des quatre jeunes qui le dit. Et le film, réalisé par la Canadienne Megan Wennberg, tend précisément à le démontrer. Avec sensibilité et pudeur, on nous présente, tour à tour, chaque enfant et ses parents, dans leur cheminement, aussi différent et unique soit-il. « Ce sont des enfants qui se trouvent à adorer la drag, commente la réalisatrice en entrevue. Cela fait partie de leur vie. Mais ce n’est pas toute leur vie ! »
C’est la mère d’un des quatre jeunes qui le dit. Et le film, réalisé par la Canadienne Megan Wennberg, tend précisément à le démontrer. Avec sensibilité et pudeur, on nous présente, tour à tour, chaque enfant et ses parents, dans leur cheminement, aussi différent et unique soit-il. « Ce sont des enfants qui se trouvent à adorer la drag, commente la réalisatrice en entrevue. Cela fait partie de leur vie. Mais ce n’est pas toute leur vie ! »
Questionnement
Il faut dire que les parents concernés ont donné dans le jugement et la critique, souvent à la limite de l’homophobie.
La question qui revient le plus souvent : « Mais pourquoi vous faites de votre fils un gai ? »
Il faut dire que les parents concernés ont donné dans le jugement et la critique, souvent à la limite de l’homophobie.
La question qui revient le plus souvent : « Mais pourquoi vous faites de votre fils un gai ? »
« Mais ils ne font rien de leur enfant, reprend Megan Wennberg. Ces enfants sont simplement comme ils sont ! »
N’empêche, les enfants l’entendent régulièrement, celle-là : « Es-tu gai ? » Au grand dam de leurs parents :
« Mais il a 9 ans, comment diable voulez-vous qu’il le sache ? »
Et qu’est-ce qu’on répond à tout ça ? Dans les quatre cas, le soutien des parents est total, infaillible et surtout inspirant. « Tous les enfants ont le droit de faire ce qui leur semble naturel », confie une mère. « C’est mon fils, c’est mon bébé, qu’est-ce que je suis censée faire, à part l’encourager ? » Et cette dernière : « Moi, je dis : j’ai un enfant qui joue à Fortnite, un autre qui aime aller à des shows drag et être fabuleuse ! »
Et vous, que font vos enfants de leurs temps libres ?
N’empêche, les enfants l’entendent régulièrement, celle-là : « Es-tu gai ? » Au grand dam de leurs parents :
« Mais il a 9 ans, comment diable voulez-vous qu’il le sache ? »
Et qu’est-ce qu’on répond à tout ça ? Dans les quatre cas, le soutien des parents est total, infaillible et surtout inspirant. « Tous les enfants ont le droit de faire ce qui leur semble naturel », confie une mère. « C’est mon fils, c’est mon bébé, qu’est-ce que je suis censée faire, à part l’encourager ? » Et cette dernière : « Moi, je dis : j’ai un enfant qui joue à Fortnite, un autre qui aime aller à des shows drag et être fabuleuse ! »
Et vous, que font vos enfants de leurs temps libres ?
De leur côté, on s’en doute, les enfants ont dû aussi gérer leur lot de commentaires. Leurs réponses font preuve d’une maturité qui détonne. « J’ai un ami qui dit que les drag queens sont des hommes qui rêvent d’être des femmes. Mais c’est faux, dit Nemis à la caméra.
Un drag est un homme qui personnifie une femme. » Nuance.
La jeune Bracken, seule fille ici du lot, a longtemps été intimidée. « On me dit que je ne peux pas être une drag parce que je suis une fille. On me dit que je devrais être un drag king. » Or, pour elle, la drag, c’est une forme d’« hyperféminité », dit-elle, non sans fierté. « Et moi, je me sens plus forte en drag ! »
Évolution
Chose certaine, il y a 20 ans, un parcours comme le leur aurait été quasi impensable. « Et c’est un très bon signe, confirme la réalisatrice. C’est fabuleux pour ces enfants d’avoir des parents aussi dans le coup, qui encouragent ainsi leur passion. C’est peut-être le signe que les temps changent.
S’ils ont parfois été victimes d’intimidation, ça n’a rien à voir avec ce qui aurait pu arriver il y a 10 ou 20 ans. »
Elle se dit aussi très confiante quant à leur avenir. « Ce sont quatre enfants intelligents, créatifs et confiants, conclut-elle.
Je suis très curieuse de voir ce qu’ils vont faire ensuite : vont-ils continuer la drag ? Aller vers autre chose ? »
Un drag est un homme qui personnifie une femme. » Nuance.
La jeune Bracken, seule fille ici du lot, a longtemps été intimidée. « On me dit que je ne peux pas être une drag parce que je suis une fille. On me dit que je devrais être un drag king. » Or, pour elle, la drag, c’est une forme d’« hyperféminité », dit-elle, non sans fierté. « Et moi, je me sens plus forte en drag ! »
Évolution
Chose certaine, il y a 20 ans, un parcours comme le leur aurait été quasi impensable. « Et c’est un très bon signe, confirme la réalisatrice. C’est fabuleux pour ces enfants d’avoir des parents aussi dans le coup, qui encouragent ainsi leur passion. C’est peut-être le signe que les temps changent.
S’ils ont parfois été victimes d’intimidation, ça n’a rien à voir avec ce qui aurait pu arriver il y a 10 ou 20 ans. »
Elle se dit aussi très confiante quant à leur avenir. « Ce sont quatre enfants intelligents, créatifs et confiants, conclut-elle.
Je suis très curieuse de voir ce qu’ils vont faire ensuite : vont-ils continuer la drag ? Aller vers autre chose ? »