Mark Carney se lance dans la course à la direction du PLC
(Ottawa) Après des années de flirt avec la politique fédérale et le gouvernement de Justin Trudeau, Mark Carney se lance finalement dans la course à la direction du Parti libéral du Canada.
Devant une centaine de partisans et une poignée de députés libéraux qui l’appuient, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada a lancé sa campagne jeudi à Edmonton, ville où il a passé une partie de sa jeunesse et où il a joué au hockey à la position de gardien de but.
D’entrée de jeu, Mark Carney a tenu à prendre ses distances par rapport à un gouvernement libéral qu’il a souvent conseillé dans le passé. Il a promis de jeter aux orties la tarification sur le carbone qui touche les particuliers – une mesure phare du plan des libéraux pour lutter contre les changements climatiques – et de remplacer ce régime par un programme plus efficace qu’il détaillera au cours des prochaines semaines.
Il a aussi annoncé son intention de gérer les finances publiques d’une manière plus prudente et plus serrée. À son avis, Ottawa dépense beaucoup trop à l’heure actuelle sans avoir un plan économique pour créer de la richesse. En outre, s’il remporte la course, mais mord la poussière aux prochaines élections, il promet de rester en poste pour assurer la reconstruction du parti au cours des prochaines années. Enfin, il compte dévoiler la circonscription fédérale où il briguera les suffrages au prochain scrutin en temps opportun.
Affirmant que le Canada traverse une période de grandes turbulences, M. Carney a dit être la personne toute désignée pour défendre les intérêts du pays devant un Donald Trump qui menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens dès son retour au pouvoir le 20 janvier.
Je suis ici pour demander votre soutien. Je suis ici pour gagner votre confiance afin de mener ce combat. Je suis de retour chez moi à Edmonton pour déclarer ma candidature au poste de chef du Parti libéral et premier ministre du Canada.
Mark Carney
Dans son discours d’une vingtaine de minutes, M. Carney s’est présenté comme le candidat du changement dans cette course au leadership qui connaîtra son dénouement le 9 mars.
Il a promis de dévoiler des idées « audacieuses » au cours des prochaines semaines pour relancer le Parti libéral et lui donner une chance de remonter la pente dans les sondages.
Utilisant une métaphore sportive, il a affirmé être prêt à prendre les commandes du Parti libéral malgré le fait que l’équipe tire de l’arrière à quelques semaines des prochaines élections. Depuis près de 18 mois, le Parti conservateur devance de quelque 20 points de pourcentage dans les intentions de vote les libéraux.
« J’aborde ce match en sachant que nous sommes loin derrière, mais nous nous échauffons, nous allons sortir durant la troisième période et nous allons gagner », a-t-il lancé sous les applaudissements de ses partisans.
Économie, économie, économieM. Carney a rappelé sa vaste expérience dans le domaine de l’économie, faisant allusion à son travail comme gouverneur de la Banque du Canada durant la crise financière de 2008 et 2009 et à ses années comme gouverneur de la Banque d’Angleterre durant le Brexit.
Mark Carney
« Je vais me concentrer entièrement sur la relance de notre économie. Et si vous vous demandez pourquoi je peux réussir là où d’autres ont échoué ou échoueront, considérez ceci. J’ai aidé à gérer plusieurs crises et j’ai aidé à sauver deux économies. Je sais comment les affaires fonctionnent et je sais comment les faire fonctionner pour vous », a-t-il exposé.
Il a profité de son discours pour décocher quelques flèches au chef du Parti conservateur Pierre Poilievre, l’accusant d’être un leader de slogans à court de solutions pour régler les problèmes que vivent les Canadiens tous les jours.
« Il existe beaucoup de différences entre Pierre Poilievre et moi. En voici une. Moi, je me concentre sur la croissance de notre économie. Lui, il recherche le soutien de Donald Trump et d’Elon Musk », a-t-il dit, ajoutant au passage que le chef conservateur ne ferait guère le poids face au président américain.
« Envoyer Pierre Poilievre négocier avec Donald Trump est la pire idée possible à laquelle je puisse penser. J’ai une autre personne en tête, mais je ne dirai peut-être pas que cela m’est venu à l’esprit au cours des dernières 24 heures », a-t-il affirmé, une allusion à la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui a refusé mercredi d’appuyer la stratégie canadienne face à la menace de tarifs de Donald Trump durant la rencontre des premiers ministres à Ottawa.
« Il y aura un choix clair lors de la prochaine élection entre un plan compétent et des slogans, entre le calme et le chaos. Nous devons donner ce choix aux Canadiens, car soyons réalistes, même si Donald Trump et la menace qu’il apporte n’existaient pas, nous aurions toujours de gros problèmes », a-t-il dit.
« Notre croissance est trop faible. Les salaires des gens augmentent trop lentement. Ils sont trop bas. Les produits de première nécessité comme l’épicerie et le loyer sont trop chers pour un trop grand nombre de personnes. Le gouvernement fédéral dépense trop, mais il investit trop peu. Les impôts de la classe moyenne sont trop élevés et nous ne sommes pas encore prêts à faire la révolution de l’intelligence artificielle dans la transition énergétique », a-t-il ajouté.
« Tout comme Trudeau »Le Parti conservateur n’a pas attendu l’annonce officielle de M. Carney pour lancer une campagne publicitaire contre l’aspirant chef.
« M. Carney essaie de réécrire l’histoire. Il essaie de convaincre les Canadiens qu’il n’a pas encouragé, à plusieurs reprises, […] les mêmes politiques que Justin Trudeau a imposées aux Canadiens et qui ont causé tant de misère au cours des neuf dernières années », soutient-on dans cette offensive publicitaire.
« Il est clair que Mark Carney et les libéraux sont prêts à dire n’importe quoi pour tenter de conserver le pouvoir. Mais on ne peut pas leur faire confiance. Mark Carney est tout comme Trudeau », y ajoute-t-on.
M. Carney devient le premier candidat de marque à confirmer ses intentions. L’ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, devrait en faire autant d’ici dimanche, tout comme la leader du gouvernement à la Chambre, la ministre Karina Gould.
Trois autres candidats moins connus – le député mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse Jaime Battiste, le député ontarien Chandra Arya et l’ancien député libéral de la région de Montréal Frank Baylis – ont indiqué avoir l’intention de se lancer dans la course.
Mark Carney en cinq temps
Avant les grands titres
Titulaire de diplômes de Harvard et d’Oxford, l’économiste travaille pendant plus d’une décennie chez Goldman Sachs, l’une des plus importantes banques d’investissement au monde. Aux bureaux de Londres, de New York, de Tokyo et de Toronto, il occupe diverses fonctions, d’abord à titre d’analyste, puis comme cadre. Il est ensuite nommé sous-gouverneur de la Banque du Canada avant de devenir le numéro 2 du ministère canadien des Finances (2004-2007).
Gouverneur de la Banque du Canada
En 2008, alors qu’apparaissent les premiers signes de la crise financière, Mark Carney entame son mandat de cinq ans comme gouverneur de la Banque du Canada. Le natif des Territoires du Nord-Ouest est réputé avoir joué un rôle essentiel dans la gestion de la crise grâce notamment à sa politique monétaire prudente. L’économie du Canada a fait meilleure figure que celle de nombreux autres pays : elle se remet plutôt rapidement de la récession et renoue avec la croissance dès 2010.
Gouverneur de la Banque d’Angleterre
En 2013, M. Carney prend la tête de la Banque d’Angleterre à titre de gouverneur. Il devient le premier non-Britannique nommé à ce poste prestigieux, qu’il occupera jusqu’en 2020. Sous sa direction sont mises en place des politiques monétaires visant à relancer l’économie du Royaume-Uni après la crise financière. En 2015, M. Carney prononce un discours défendant l’idée de finance durable. En 2018, il acquiert la nationalité britannique.
Onusien
En 2020, M. Carney est nommé envoyé spécial de l’ONU pour le financement de l’action climatique. À ce titre, il a notamment pour mission de mobiliser suffisamment de fonds privés pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, conformément à l’objectif fixé dans l’Accord de Paris. En 2019, dans une entrevue accordée à la BBC, il fait valoir que le secteur financier n’« avance pas assez vite » pour réduire ses investissements dans les énergies fossiles.
Politicien
L’année 2024 est marquée, pour Mark Carney, par une campagne de séduction menée par le premier ministre Justin Trudeau. En septembre, il devient conseiller spécial du Parti libéral du Canada (PLC) en matière de croissance économique. En décembre, il décline l’offre de prendre la tête du ministère des Finances au détriment de Chrystia Freeland. M. Carney annonce le 16 janvier 2025 qu’il briguera la direction du PLC, faisant le saut dans l’arène de la politique active.
Devant une centaine de partisans et une poignée de députés libéraux qui l’appuient, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada a lancé sa campagne jeudi à Edmonton, ville où il a passé une partie de sa jeunesse et où il a joué au hockey à la position de gardien de but.
D’entrée de jeu, Mark Carney a tenu à prendre ses distances par rapport à un gouvernement libéral qu’il a souvent conseillé dans le passé. Il a promis de jeter aux orties la tarification sur le carbone qui touche les particuliers – une mesure phare du plan des libéraux pour lutter contre les changements climatiques – et de remplacer ce régime par un programme plus efficace qu’il détaillera au cours des prochaines semaines.
Il a aussi annoncé son intention de gérer les finances publiques d’une manière plus prudente et plus serrée. À son avis, Ottawa dépense beaucoup trop à l’heure actuelle sans avoir un plan économique pour créer de la richesse. En outre, s’il remporte la course, mais mord la poussière aux prochaines élections, il promet de rester en poste pour assurer la reconstruction du parti au cours des prochaines années. Enfin, il compte dévoiler la circonscription fédérale où il briguera les suffrages au prochain scrutin en temps opportun.
Affirmant que le Canada traverse une période de grandes turbulences, M. Carney a dit être la personne toute désignée pour défendre les intérêts du pays devant un Donald Trump qui menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens dès son retour au pouvoir le 20 janvier.
Je suis ici pour demander votre soutien. Je suis ici pour gagner votre confiance afin de mener ce combat. Je suis de retour chez moi à Edmonton pour déclarer ma candidature au poste de chef du Parti libéral et premier ministre du Canada.
Mark Carney
Dans son discours d’une vingtaine de minutes, M. Carney s’est présenté comme le candidat du changement dans cette course au leadership qui connaîtra son dénouement le 9 mars.
Il a promis de dévoiler des idées « audacieuses » au cours des prochaines semaines pour relancer le Parti libéral et lui donner une chance de remonter la pente dans les sondages.
Utilisant une métaphore sportive, il a affirmé être prêt à prendre les commandes du Parti libéral malgré le fait que l’équipe tire de l’arrière à quelques semaines des prochaines élections. Depuis près de 18 mois, le Parti conservateur devance de quelque 20 points de pourcentage dans les intentions de vote les libéraux.
« J’aborde ce match en sachant que nous sommes loin derrière, mais nous nous échauffons, nous allons sortir durant la troisième période et nous allons gagner », a-t-il lancé sous les applaudissements de ses partisans.
Économie, économie, économieM. Carney a rappelé sa vaste expérience dans le domaine de l’économie, faisant allusion à son travail comme gouverneur de la Banque du Canada durant la crise financière de 2008 et 2009 et à ses années comme gouverneur de la Banque d’Angleterre durant le Brexit.
Mark Carney
« Je vais me concentrer entièrement sur la relance de notre économie. Et si vous vous demandez pourquoi je peux réussir là où d’autres ont échoué ou échoueront, considérez ceci. J’ai aidé à gérer plusieurs crises et j’ai aidé à sauver deux économies. Je sais comment les affaires fonctionnent et je sais comment les faire fonctionner pour vous », a-t-il exposé.
Il a profité de son discours pour décocher quelques flèches au chef du Parti conservateur Pierre Poilievre, l’accusant d’être un leader de slogans à court de solutions pour régler les problèmes que vivent les Canadiens tous les jours.
« Il existe beaucoup de différences entre Pierre Poilievre et moi. En voici une. Moi, je me concentre sur la croissance de notre économie. Lui, il recherche le soutien de Donald Trump et d’Elon Musk », a-t-il dit, ajoutant au passage que le chef conservateur ne ferait guère le poids face au président américain.
« Envoyer Pierre Poilievre négocier avec Donald Trump est la pire idée possible à laquelle je puisse penser. J’ai une autre personne en tête, mais je ne dirai peut-être pas que cela m’est venu à l’esprit au cours des dernières 24 heures », a-t-il affirmé, une allusion à la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui a refusé mercredi d’appuyer la stratégie canadienne face à la menace de tarifs de Donald Trump durant la rencontre des premiers ministres à Ottawa.
« Il y aura un choix clair lors de la prochaine élection entre un plan compétent et des slogans, entre le calme et le chaos. Nous devons donner ce choix aux Canadiens, car soyons réalistes, même si Donald Trump et la menace qu’il apporte n’existaient pas, nous aurions toujours de gros problèmes », a-t-il dit.
« Notre croissance est trop faible. Les salaires des gens augmentent trop lentement. Ils sont trop bas. Les produits de première nécessité comme l’épicerie et le loyer sont trop chers pour un trop grand nombre de personnes. Le gouvernement fédéral dépense trop, mais il investit trop peu. Les impôts de la classe moyenne sont trop élevés et nous ne sommes pas encore prêts à faire la révolution de l’intelligence artificielle dans la transition énergétique », a-t-il ajouté.
« Tout comme Trudeau »Le Parti conservateur n’a pas attendu l’annonce officielle de M. Carney pour lancer une campagne publicitaire contre l’aspirant chef.
« M. Carney essaie de réécrire l’histoire. Il essaie de convaincre les Canadiens qu’il n’a pas encouragé, à plusieurs reprises, […] les mêmes politiques que Justin Trudeau a imposées aux Canadiens et qui ont causé tant de misère au cours des neuf dernières années », soutient-on dans cette offensive publicitaire.
« Il est clair que Mark Carney et les libéraux sont prêts à dire n’importe quoi pour tenter de conserver le pouvoir. Mais on ne peut pas leur faire confiance. Mark Carney est tout comme Trudeau », y ajoute-t-on.
M. Carney devient le premier candidat de marque à confirmer ses intentions. L’ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, devrait en faire autant d’ici dimanche, tout comme la leader du gouvernement à la Chambre, la ministre Karina Gould.
Trois autres candidats moins connus – le député mi’kmaq de la Nouvelle-Écosse Jaime Battiste, le député ontarien Chandra Arya et l’ancien député libéral de la région de Montréal Frank Baylis – ont indiqué avoir l’intention de se lancer dans la course.
Mark Carney en cinq temps
Avant les grands titres
Titulaire de diplômes de Harvard et d’Oxford, l’économiste travaille pendant plus d’une décennie chez Goldman Sachs, l’une des plus importantes banques d’investissement au monde. Aux bureaux de Londres, de New York, de Tokyo et de Toronto, il occupe diverses fonctions, d’abord à titre d’analyste, puis comme cadre. Il est ensuite nommé sous-gouverneur de la Banque du Canada avant de devenir le numéro 2 du ministère canadien des Finances (2004-2007).
Gouverneur de la Banque du Canada
En 2008, alors qu’apparaissent les premiers signes de la crise financière, Mark Carney entame son mandat de cinq ans comme gouverneur de la Banque du Canada. Le natif des Territoires du Nord-Ouest est réputé avoir joué un rôle essentiel dans la gestion de la crise grâce notamment à sa politique monétaire prudente. L’économie du Canada a fait meilleure figure que celle de nombreux autres pays : elle se remet plutôt rapidement de la récession et renoue avec la croissance dès 2010.
Gouverneur de la Banque d’Angleterre
En 2013, M. Carney prend la tête de la Banque d’Angleterre à titre de gouverneur. Il devient le premier non-Britannique nommé à ce poste prestigieux, qu’il occupera jusqu’en 2020. Sous sa direction sont mises en place des politiques monétaires visant à relancer l’économie du Royaume-Uni après la crise financière. En 2015, M. Carney prononce un discours défendant l’idée de finance durable. En 2018, il acquiert la nationalité britannique.
Onusien
En 2020, M. Carney est nommé envoyé spécial de l’ONU pour le financement de l’action climatique. À ce titre, il a notamment pour mission de mobiliser suffisamment de fonds privés pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, conformément à l’objectif fixé dans l’Accord de Paris. En 2019, dans une entrevue accordée à la BBC, il fait valoir que le secteur financier n’« avance pas assez vite » pour réduire ses investissements dans les énergies fossiles.
Politicien
L’année 2024 est marquée, pour Mark Carney, par une campagne de séduction menée par le premier ministre Justin Trudeau. En septembre, il devient conseiller spécial du Parti libéral du Canada (PLC) en matière de croissance économique. En décembre, il décline l’offre de prendre la tête du ministère des Finances au détriment de Chrystia Freeland. M. Carney annonce le 16 janvier 2025 qu’il briguera la direction du PLC, faisant le saut dans l’arène de la politique active.