Les rediffusions des émissions de Radio-Canada seront purgées des mots offensants
Radio-Canada suggère à ses animateurs et à ses journalistes d’offrir leurs excuses en direct en cas de mention inattendue du mot en n, et annonce que les rediffusions de ses émissions seront dorénavant purgées de tout langage offensant qui n’a pas de « justification éditoriale ».
Tel est le verdict de la société d’État, qui a discrètement publié vendredi ses lignes directrices concernant le langage offensant. Ce document lui a été ordonné par une décision controversée sur l’usage du mot en n par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en juin, qui utilisait plutôt l’expression « propos offensants ».
Le texte de quatre pages explique qu’une analyse « au cas par cas » doit être faite au moment d’envisager, exceptionnellement, d’utiliser en ondes un « langage potentiellement offensant ». Le contexte et la justification éditoriale doivent être évalués,
et la direction doit être consultée « en cas de doute ».
Ces lignes directrices s’appliquent immédiatement. Elles concernent tout « langage abusif, dégradant ou indûment discriminatoire, stéréotypé ou négatif » au sujet de « la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle,
l’état matrimonial ou un handicap physique ou mental ».
Modifier les rediffusionsLa Société Radio-Canada (SRC) se prépare aussi à entendre un mot interdit de la bouche d’un invité. Son protocole inclut des excuses en direct et une modification de la version de l’émission destinée à être rediffusée.
En cas de « diffusion inattendue et injustifiable de langage offensant » par quelqu’un qui n’est pas [employé par] la SRC, comme une personne interviewée, « l’animateur ou journaliste agit de façon à réduire les risques que l’invité répète les propos offensants », peut-on lire.
Le professionnel doit ensuite offrir ses excuses à l’auditoire « s’il le juge nécessaire dans le contexte de l’émission ». Pour la suite, à moins d’une « justification éditoriale », le passage dérangeant doit être supprimé pour la seconde vie de l’émission,
comme en rattrapage sur les plateformes sur demande.
Le diffuseur public se base sur un code élaboré par l’Association canadienne des radiodiffuseurs pour établir par exemple qu’il est permis de faire un « traitement intellectuel » de ces mots, comme lors d’émissions universitaires, artistiques ou journalistiques. Le code en question permet aussi leur usage pour de la comédie ou de la satire, quoique les lignes directrices
de Radio-Canada n’en fassent pas mention.
Mise en gardeLes auditeurs et les téléspectateurs du média public seront finalement avertis avant d’être exposés à des mots potentiellement douloureux à entendre, mais que la SRC a quand même jugé approprié de diffuser d’un océan à l’autre.
« S’il est décidé que la diffusion de langage potentiellement offensant est justifiable et nécessaire dans un contexte de diffusion particulier, on doit aussi examiner si l’ajout d’une mise en garde (avis à l’auditoire) pourrait atténuer l’impact », ont tranché ses patrons.
Ces nouvelles lignes directrices viennent « clarifier le processus décisionnel interne de CBC/Radio-Canada », a expliqué le porte-parole de Radio-Canada, Marc Pichette, dans un courriel au Devoir. Il n’est toutefois pas question de retourner dans les archives de Radio-Canada pour y modifier les anciennes émissions accessibles à l’écoute. Seules les émissions de novembre 2022
et les suivantes seront retouchées conformément à cette politique.
Radio-Canada a ajouté un avertissement à l’écoute de l’intervention du chroniqueur Simon Jodoin à l’émission Le 15-18 du 17 août 2020, dans laquelle est cité à répétition le titre de l’essai Nègres blancs d’Amérique, de Pierre Vallières. « Nous tenons à vous aviser que le segment suivant contient un mot qui pourrait heurter certaines personnes », prévient une annonce.
Le 29 juin dernier, le CRTC a blâmé la SRC pour avoir indûment offensé son auditoire lors de cette émission. Cette décision a soulevé un tollé auprès de certains employés du diffuseur public, qui s’est finalement excusé au moment de la porter en appel. Le CRTC avait exigé un rapport des « mesures internes et de pratiques exemplaires en matière de programmation », dans un rapport destiné à être accessible au public. La SRC avait obtenu un report de la date limite à vendredi dernier.
Sans en faire l’annonce par communiqué, la société d’État a bel et bien publié ses nouvelles lignes directrices le jour dit, parmi ses autres soumissions au CRTC dans la section de son site Web consacrée aux « Affaires réglementaires ».
Tel est le verdict de la société d’État, qui a discrètement publié vendredi ses lignes directrices concernant le langage offensant. Ce document lui a été ordonné par une décision controversée sur l’usage du mot en n par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en juin, qui utilisait plutôt l’expression « propos offensants ».
Le texte de quatre pages explique qu’une analyse « au cas par cas » doit être faite au moment d’envisager, exceptionnellement, d’utiliser en ondes un « langage potentiellement offensant ». Le contexte et la justification éditoriale doivent être évalués,
et la direction doit être consultée « en cas de doute ».
Ces lignes directrices s’appliquent immédiatement. Elles concernent tout « langage abusif, dégradant ou indûment discriminatoire, stéréotypé ou négatif » au sujet de « la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle,
l’état matrimonial ou un handicap physique ou mental ».
Modifier les rediffusionsLa Société Radio-Canada (SRC) se prépare aussi à entendre un mot interdit de la bouche d’un invité. Son protocole inclut des excuses en direct et une modification de la version de l’émission destinée à être rediffusée.
En cas de « diffusion inattendue et injustifiable de langage offensant » par quelqu’un qui n’est pas [employé par] la SRC, comme une personne interviewée, « l’animateur ou journaliste agit de façon à réduire les risques que l’invité répète les propos offensants », peut-on lire.
Le professionnel doit ensuite offrir ses excuses à l’auditoire « s’il le juge nécessaire dans le contexte de l’émission ». Pour la suite, à moins d’une « justification éditoriale », le passage dérangeant doit être supprimé pour la seconde vie de l’émission,
comme en rattrapage sur les plateformes sur demande.
Le diffuseur public se base sur un code élaboré par l’Association canadienne des radiodiffuseurs pour établir par exemple qu’il est permis de faire un « traitement intellectuel » de ces mots, comme lors d’émissions universitaires, artistiques ou journalistiques. Le code en question permet aussi leur usage pour de la comédie ou de la satire, quoique les lignes directrices
de Radio-Canada n’en fassent pas mention.
Mise en gardeLes auditeurs et les téléspectateurs du média public seront finalement avertis avant d’être exposés à des mots potentiellement douloureux à entendre, mais que la SRC a quand même jugé approprié de diffuser d’un océan à l’autre.
« S’il est décidé que la diffusion de langage potentiellement offensant est justifiable et nécessaire dans un contexte de diffusion particulier, on doit aussi examiner si l’ajout d’une mise en garde (avis à l’auditoire) pourrait atténuer l’impact », ont tranché ses patrons.
Ces nouvelles lignes directrices viennent « clarifier le processus décisionnel interne de CBC/Radio-Canada », a expliqué le porte-parole de Radio-Canada, Marc Pichette, dans un courriel au Devoir. Il n’est toutefois pas question de retourner dans les archives de Radio-Canada pour y modifier les anciennes émissions accessibles à l’écoute. Seules les émissions de novembre 2022
et les suivantes seront retouchées conformément à cette politique.
Radio-Canada a ajouté un avertissement à l’écoute de l’intervention du chroniqueur Simon Jodoin à l’émission Le 15-18 du 17 août 2020, dans laquelle est cité à répétition le titre de l’essai Nègres blancs d’Amérique, de Pierre Vallières. « Nous tenons à vous aviser que le segment suivant contient un mot qui pourrait heurter certaines personnes », prévient une annonce.
Le 29 juin dernier, le CRTC a blâmé la SRC pour avoir indûment offensé son auditoire lors de cette émission. Cette décision a soulevé un tollé auprès de certains employés du diffuseur public, qui s’est finalement excusé au moment de la porter en appel. Le CRTC avait exigé un rapport des « mesures internes et de pratiques exemplaires en matière de programmation », dans un rapport destiné à être accessible au public. La SRC avait obtenu un report de la date limite à vendredi dernier.
Sans en faire l’annonce par communiqué, la société d’État a bel et bien publié ses nouvelles lignes directrices le jour dit, parmi ses autres soumissions au CRTC dans la section de son site Web consacrée aux « Affaires réglementaires ».
le devoir
Boris Proulx
Les rediffusions des émissions de Radio-Canada seront purgées des mots offensants | Le Devoir
Boris Proulx
Les rediffusions des émissions de Radio-Canada seront purgées des mots offensants | Le Devoir