Un projet de loi qui ne fait pas l’unanimité
Ils travaillent au service au volant, derrière la caisse et même en cuisine. Les jeunes employés âgés de moins de 16 ans représentent dans plusieurs cas une bouée de sauvetage pour les restaurateurs. Plusieurs voient d’un mauvais œil le projet de loi visant à imposer un âge minimum pour occuper un emploi ainsi qu’un nombre d’heures permises pour travailler.
NATHAËLLE MORISSETTELA PRESSE
Dans certains cas, d’éventuelles restrictions pourraient même nuire à la pérennité, voire à la survie de l’entreprise, avance Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques de l’Association Restauration Québec (ARQ).
« C’est sûr que les études doivent prévaloir, mais on est contre l’idée de décourager des jeunes de travailler, lance d’emblée Élisabeth Abbatiello, copropriétaire et vice-présidente aux communications des restaurants Pizza Salavatoré. Qu’un jeune de 13 ans fasse 20 heures de jeux vidéo dans sa semaine ou qu’il fasse 20 heures de travail, je pense que [la deuxième option]
est plus bénéfique pour son développement. »
Dans les 64 restaurants de l’entreprise, ce sont près de 65 % des employés qui sont âgés de 14 à 18 ans. Quelques-uns ont 12 ou 13 ans, mais ils sont plus “marginaux”.
Élisabeth Abbatiello, copropriétaire et vice-présidente aux communications des restaurants Pizza Salavatoré
La restauratrice réagissait ainsi à l’annonce faite en début de semaine par le ministre du Travail, Jean Boulet, à propos du dépôt d’un éventuel projet de loi visant à encadrer et à limiter le travail des enfants. Un rapport élaboré par le Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM) recommande à Québec d’établir à 14 ans l’âge minimal pour avoir un emploi et d’interdire les semaines de travail de plus de 17 heures pour les jeunes âgés de 14 à 16 ans pendant l’année scolaire. L’objectif est de limiter les accidents au travail et le décrochage scolaire.
PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE
Le ministre du Travail, Jean Boulet
Actuellement, au Québec, les enfants qui ont moins de 14 ans peuvent travailler si leurs parents fournissent une « autorisation écrite à l’employeur », indique-t-on sur le site de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). En ce qui concerne l’horaire d’un travailleur âgé de 16 ans ou moins, « l’employeur doit [s’assurer que celui-ci] ne l’empêche pas d’être en classe [et] lui permet d’être chez lui entre 23 h et 6 h le lendemain matin »
Marion Fournier et Elie, son employé de 15 ans, au restaurant Le 267, à Longueuil
« Imposer des règlements pour tous, je ne pense pas que ça soit bon », estime Mme Abbatiello, ajoutant dans la foulée que les nouvelles normes seraient « problématiques » dans plusieurs de ses succursales où des adolescents travaillent.
Je pense que c’est aux parents, aux jeunes et aux propriétaires d’entreprises d’imposer leurs propres limites.
Élisabeth Abbatiello, copropriétaire et vice-présidente aux communications des restaurants Pizza Salavatoré
« Imposer des règles, je trouve ça un peu extrême, croit également Marion Fournier, propriétaire du restaurant Le 267, situé dans le Vieux-Longueuil. J’ai des étudiants qui sont excellents à l’école, qui peuvent se permettre de travailler 20 heures sans que cela nuise à leurs études. Ils trouvent un équilibre là parce que ça leur change les idées. Ils bougent, ils font autre chose et ils peuvent être plus productifs après. » Sa propre fille âgée de 13 ans fait même partie de l’équipe, qui compte une quinzaine d’employés
Zack Boudreau, 15 ans, employé du restaurant Pizza Salvatoré de Val-Bélair
« Bien que nous vivions une pénurie de main-d’œuvre, nous accueillons plutôt favorablement le projet de loi du ministre du Travail, affirme de son côté Josée Vaillancourt, directrice des communications du Groupe St-Hubert. Dans certains de nos restaurants, nous avons des employés de plus en plus jeunes, par contre, nous nous assurons de limiter les heures de travail. »
Oui à l’encadrement, non à la limite d’âgeÀ l’ARQ, on se dit en faveur d’un encadrement pour les jeunes employés, notamment avec un maximum de 12 heures par semaine pour les travailleurs âgés de moins de 14 ans, mais l’Association s’oppose à l’imposition d’une limite d’âge, explique Martin Vézina.
En ce qui concerne l’horaire de 17 heures pour les travailleurs qui ont de 14 à 16 ans, l’ARQ suggère plutôt un maximum de 20 heures. Les règles évaluées par Québec risqueraient de poser tout un casse-tête pour les restaurateurs, les obligeant dans certains cas à revoir leurs heures d’ouverture, selon M. Vézina. « Dans certains cas, il va y avoir une réflexion sur la pérennité du restaurant », affirme-t-il.
Zack Boudreau, Frédérique Côté et Arielle Girard, 15 ans, en compagnie du propriétaire Samuel Therrien
« Les jeunes de cet âge-là déposent eux-mêmes leur candidature sans qu’on ait besoin d’aller les chercher. Si on pouvait aller vers d’autres bassins d’âge, on le ferait. Mais on est rendus là », dit-il en faisant référence à la pénurie de main-d’œuvre.
Le projet de loi sera vraisemblablement déposé l’an prochain et des consultations auront lieu. « Il y a quand même une écoute de la part du cabinet du ministre du Travail, souligne M. Vézina. Les décisions n’ont pas été encore prises. Le rapport vient d’être soumis. »
NATHAËLLE MORISSETTELA PRESSE
Dans certains cas, d’éventuelles restrictions pourraient même nuire à la pérennité, voire à la survie de l’entreprise, avance Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques de l’Association Restauration Québec (ARQ).
« C’est sûr que les études doivent prévaloir, mais on est contre l’idée de décourager des jeunes de travailler, lance d’emblée Élisabeth Abbatiello, copropriétaire et vice-présidente aux communications des restaurants Pizza Salavatoré. Qu’un jeune de 13 ans fasse 20 heures de jeux vidéo dans sa semaine ou qu’il fasse 20 heures de travail, je pense que [la deuxième option]
est plus bénéfique pour son développement. »
Dans les 64 restaurants de l’entreprise, ce sont près de 65 % des employés qui sont âgés de 14 à 18 ans. Quelques-uns ont 12 ou 13 ans, mais ils sont plus “marginaux”.
Élisabeth Abbatiello, copropriétaire et vice-présidente aux communications des restaurants Pizza Salavatoré
La restauratrice réagissait ainsi à l’annonce faite en début de semaine par le ministre du Travail, Jean Boulet, à propos du dépôt d’un éventuel projet de loi visant à encadrer et à limiter le travail des enfants. Un rapport élaboré par le Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM) recommande à Québec d’établir à 14 ans l’âge minimal pour avoir un emploi et d’interdire les semaines de travail de plus de 17 heures pour les jeunes âgés de 14 à 16 ans pendant l’année scolaire. L’objectif est de limiter les accidents au travail et le décrochage scolaire.
PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE
Le ministre du Travail, Jean Boulet
Actuellement, au Québec, les enfants qui ont moins de 14 ans peuvent travailler si leurs parents fournissent une « autorisation écrite à l’employeur », indique-t-on sur le site de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). En ce qui concerne l’horaire d’un travailleur âgé de 16 ans ou moins, « l’employeur doit [s’assurer que celui-ci] ne l’empêche pas d’être en classe [et] lui permet d’être chez lui entre 23 h et 6 h le lendemain matin »
Marion Fournier et Elie, son employé de 15 ans, au restaurant Le 267, à Longueuil
« Imposer des règlements pour tous, je ne pense pas que ça soit bon », estime Mme Abbatiello, ajoutant dans la foulée que les nouvelles normes seraient « problématiques » dans plusieurs de ses succursales où des adolescents travaillent.
Je pense que c’est aux parents, aux jeunes et aux propriétaires d’entreprises d’imposer leurs propres limites.
Élisabeth Abbatiello, copropriétaire et vice-présidente aux communications des restaurants Pizza Salavatoré
« Imposer des règles, je trouve ça un peu extrême, croit également Marion Fournier, propriétaire du restaurant Le 267, situé dans le Vieux-Longueuil. J’ai des étudiants qui sont excellents à l’école, qui peuvent se permettre de travailler 20 heures sans que cela nuise à leurs études. Ils trouvent un équilibre là parce que ça leur change les idées. Ils bougent, ils font autre chose et ils peuvent être plus productifs après. » Sa propre fille âgée de 13 ans fait même partie de l’équipe, qui compte une quinzaine d’employés
Zack Boudreau, 15 ans, employé du restaurant Pizza Salvatoré de Val-Bélair
« Bien que nous vivions une pénurie de main-d’œuvre, nous accueillons plutôt favorablement le projet de loi du ministre du Travail, affirme de son côté Josée Vaillancourt, directrice des communications du Groupe St-Hubert. Dans certains de nos restaurants, nous avons des employés de plus en plus jeunes, par contre, nous nous assurons de limiter les heures de travail. »
Oui à l’encadrement, non à la limite d’âgeÀ l’ARQ, on se dit en faveur d’un encadrement pour les jeunes employés, notamment avec un maximum de 12 heures par semaine pour les travailleurs âgés de moins de 14 ans, mais l’Association s’oppose à l’imposition d’une limite d’âge, explique Martin Vézina.
En ce qui concerne l’horaire de 17 heures pour les travailleurs qui ont de 14 à 16 ans, l’ARQ suggère plutôt un maximum de 20 heures. Les règles évaluées par Québec risqueraient de poser tout un casse-tête pour les restaurateurs, les obligeant dans certains cas à revoir leurs heures d’ouverture, selon M. Vézina. « Dans certains cas, il va y avoir une réflexion sur la pérennité du restaurant », affirme-t-il.
Zack Boudreau, Frédérique Côté et Arielle Girard, 15 ans, en compagnie du propriétaire Samuel Therrien
« Les jeunes de cet âge-là déposent eux-mêmes leur candidature sans qu’on ait besoin d’aller les chercher. Si on pouvait aller vers d’autres bassins d’âge, on le ferait. Mais on est rendus là », dit-il en faisant référence à la pénurie de main-d’œuvre.
Le projet de loi sera vraisemblablement déposé l’an prochain et des consultations auront lieu. « Il y a quand même une écoute de la part du cabinet du ministre du Travail, souligne M. Vézina. Les décisions n’ont pas été encore prises. Le rapport vient d’être soumis. »
NATHAËLLE MORISSETTE
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