Violentées dans le secret du confinement
Photo: Pavel Golovkin Associated Press Le nombre de plaintes pour violence conjugale a diminué et, pourtant,
les maisons d’hébergement reçoivent plus d’appels qu’en temps normal.
les maisons d’hébergement reçoivent plus d’appels qu’en temps normal.
L’irrégularité des signalements des victimes de violence conjugale inquiète des organismes qui leur viennent en aide puisque, depuis le début de la pandémie, elles sont plusieurs à téléphoner pour obtenir une place en maison d’hébergement, mais à ne pas s’y présenter finalement.
« La peur de contracter le virus, de gérer une garde partagée et l’incertitude du contexte de la pandémie amènent
plusieurs femmes à finalement ne pas se présenter à la maison d’hébergement où une place leur avait été trouvée »,
se désole Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. Jusqu’à présent,
aucun cas n’a été recensé dans les 36 maisons d’hébergement que regroupe la Fédération.
Le téléphone ne dérougit pas pour autant, mais les périodes les plus achalandées sont la nuit et les fins de semaine,
lorsque leur agresseur n’est pas près de ces femmes.
« De plus en plus de femmes communiquent avec nous par les médias sociaux, parce que c’est parfois plus subtil pour elles de le faire
par écrit », souligne Mme Monastesse. Par ailleurs, les appels entrecoupés sont aussi en augmentation, les femmes tentant de se cacher
de leur conjoint violent et craignant d’être surprises par celui-ci en pleine conversation.
« La peur de contracter le virus, de gérer une garde partagée et l’incertitude du contexte de la pandémie amènent
plusieurs femmes à finalement ne pas se présenter à la maison d’hébergement où une place leur avait été trouvée »,
se désole Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. Jusqu’à présent,
aucun cas n’a été recensé dans les 36 maisons d’hébergement que regroupe la Fédération.
Le téléphone ne dérougit pas pour autant, mais les périodes les plus achalandées sont la nuit et les fins de semaine,
lorsque leur agresseur n’est pas près de ces femmes.
« De plus en plus de femmes communiquent avec nous par les médias sociaux, parce que c’est parfois plus subtil pour elles de le faire
par écrit », souligne Mme Monastesse. Par ailleurs, les appels entrecoupés sont aussi en augmentation, les femmes tentant de se cacher
de leur conjoint violent et craignant d’être surprises par celui-ci en pleine conversation.
SOS violence conjugale, qui offre un service d’aide téléphonique 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, constate d’ailleurs une hausse
de 20 % des appels à ses services comparativement à la même période l’an dernier. L’organisme constate aussi que les victimes
ont davantage recours aux réseaux sociaux pour dénoncer la violence qu’elles subissent.
« On reçoit beaucoup de messages sur notre page Facebook ainsi que de nombreux courriels »,
indique Claudine Thibaudeau, de SOS violence conjugale.
Le confinement recommandé par Québec et Ottawa depuis la mi-mars afin de limiter la propagation du virus place les victimes
au cœur de nombreux éléments déclencheurs. Des conjoints violents tentent d’utiliser le climat d’incertitude
pour accroître leur pouvoir à l’égard de leur conjointe.
« Les effets de la pandémie sont parfois même utilisés contre les femmes par leurs agresseurs, explique Mme Thibaudeau. Un agresseur a dit
à sa conjointe que, si elle sortait de la maison, elle ne pourrait pas entrer à nouveau parce qu’elle pourrait être contaminée. C’est parfois de l’ordre de la séquestration. Des femmes sont privées de sortie sous prétexte de la pandémie. Elles sont isolées. »
À Montréal, le nombre de signalements pour violence conjugale faits à la police a chuté de 15 % pour la période du 19 mars au 26 avril.
La moyenne se situait à 704 appels de 2017 à 2019. Cette année, on en a enregistré 600.
« On a peut-être moins d’appels, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il y a moins de violence conjugale dans les foyers »,
note l’inspecteur André Durocher, du Service de police de la Ville de Montréal.
À Québec, pour la période du 12 mars au 19 avril, une augmentation d’appels a été observée. « Nos plus récentes données révèlent qu’il y a eu 207 appels de type « chicane de famille » par rapport à une moyenne de 156 pour la même période ces dernières années »,
mentionne Étienne Doyon, du Service de police de la Ville de Québec. Ces données comprennent les cas de violence conjugale,
mais aussi les altercations familiales entre un parent et son enfant, par exemple.
« Ce qu’on note, c’est que, lorsque les femmes arrivent, c’est souvent en situation de crise. Elles arrivent accompagnées d’un policier
et ce qu’on constate, à notre grande déception, c’est qu’elles ont subi des violences beaucoup plus sévères
que ce qu’on voyait avant la pandémie », indique Mme Monastesse.
Puisqu’elles sont toujours avec leur agresseur, le cycle de violence est souvent accéléré. « Les épisodes se multiplient et elles ont peu de répit, parce qu’elles ne sortent plus pour aller travailler. Les enfants aussi sont exposés à ces situations-là,
puisqu’ils n’ont pas d’école », poursuit Mme Monastesse.
de 20 % des appels à ses services comparativement à la même période l’an dernier. L’organisme constate aussi que les victimes
ont davantage recours aux réseaux sociaux pour dénoncer la violence qu’elles subissent.
« On reçoit beaucoup de messages sur notre page Facebook ainsi que de nombreux courriels »,
indique Claudine Thibaudeau, de SOS violence conjugale.
Le confinement recommandé par Québec et Ottawa depuis la mi-mars afin de limiter la propagation du virus place les victimes
au cœur de nombreux éléments déclencheurs. Des conjoints violents tentent d’utiliser le climat d’incertitude
pour accroître leur pouvoir à l’égard de leur conjointe.
« Les effets de la pandémie sont parfois même utilisés contre les femmes par leurs agresseurs, explique Mme Thibaudeau. Un agresseur a dit
à sa conjointe que, si elle sortait de la maison, elle ne pourrait pas entrer à nouveau parce qu’elle pourrait être contaminée. C’est parfois de l’ordre de la séquestration. Des femmes sont privées de sortie sous prétexte de la pandémie. Elles sont isolées. »
À Montréal, le nombre de signalements pour violence conjugale faits à la police a chuté de 15 % pour la période du 19 mars au 26 avril.
La moyenne se situait à 704 appels de 2017 à 2019. Cette année, on en a enregistré 600.
« On a peut-être moins d’appels, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il y a moins de violence conjugale dans les foyers »,
note l’inspecteur André Durocher, du Service de police de la Ville de Montréal.
À Québec, pour la période du 12 mars au 19 avril, une augmentation d’appels a été observée. « Nos plus récentes données révèlent qu’il y a eu 207 appels de type « chicane de famille » par rapport à une moyenne de 156 pour la même période ces dernières années »,
mentionne Étienne Doyon, du Service de police de la Ville de Québec. Ces données comprennent les cas de violence conjugale,
mais aussi les altercations familiales entre un parent et son enfant, par exemple.
« Ce qu’on note, c’est que, lorsque les femmes arrivent, c’est souvent en situation de crise. Elles arrivent accompagnées d’un policier
et ce qu’on constate, à notre grande déception, c’est qu’elles ont subi des violences beaucoup plus sévères
que ce qu’on voyait avant la pandémie », indique Mme Monastesse.
Puisqu’elles sont toujours avec leur agresseur, le cycle de violence est souvent accéléré. « Les épisodes se multiplient et elles ont peu de répit, parce qu’elles ne sortent plus pour aller travailler. Les enfants aussi sont exposés à ces situations-là,
puisqu’ils n’ont pas d’école », poursuit Mme Monastesse.
Recrudescence anticipée
L’effet « dents de scie » observé dans les dernières semaines préoccupe les maisons d’hébergement à l’approche du déconfinement
de la grande région de Montréal. « La capacité de quitter un conjoint était plus difficile et dans certaines régions [qui ont déjà été déconfinées], on a vu une recrudescence des demandes d’hébergement », souligne Mme Monastesse.
Certaines maisons affichent un taux d’occupation de 120 %, dit-elle.
Faire face à la pandémie entraîne aussi d’importants coûts pour les maisons d’hébergement, qui ont non seulement dû réaménager
les lieux, mais aussi veiller à ce que les femmes aient de quoi manger. « On avait beaucoup de partenariats pour des denrées gratuites qui malheureusement n’ont pas pu se poursuivre à cause de la COVID-19. En ce moment, les mesures coûtent de 5000 à 10 000 $ de plus par mois à chaque maison d’hébergement », raconte Mme Monastesse.
Quelques jours avant le début du confinement, Québec avait annoncé d’importantes sommes
dans son budget 2020 pour la lutte contre la violence conjugale.
Des investissements de 181 millions sur cinq ans avaient été annoncés pour bonifier le plan gouvernemental de lutte contre la violence conjugale et les services offerts par les maisons d’hébergement. De cette somme, un budget de 120 millions leur est réservé pour les cinq prochaines années, afin qu’elles assurent la « pérennité » de leurs services et qu’elles les adaptent aux femmes en situation de vulnérabilité.
« C’était une bonne nouvelle pour nous. On doit s’asseoir avec le ministère pour la suite, car la pandémie nous a amenés à instaurer des mesures qui sont coûteuses », note Mme Monastesse.
L’effet « dents de scie » observé dans les dernières semaines préoccupe les maisons d’hébergement à l’approche du déconfinement
de la grande région de Montréal. « La capacité de quitter un conjoint était plus difficile et dans certaines régions [qui ont déjà été déconfinées], on a vu une recrudescence des demandes d’hébergement », souligne Mme Monastesse.
Certaines maisons affichent un taux d’occupation de 120 %, dit-elle.
Faire face à la pandémie entraîne aussi d’importants coûts pour les maisons d’hébergement, qui ont non seulement dû réaménager
les lieux, mais aussi veiller à ce que les femmes aient de quoi manger. « On avait beaucoup de partenariats pour des denrées gratuites qui malheureusement n’ont pas pu se poursuivre à cause de la COVID-19. En ce moment, les mesures coûtent de 5000 à 10 000 $ de plus par mois à chaque maison d’hébergement », raconte Mme Monastesse.
Quelques jours avant le début du confinement, Québec avait annoncé d’importantes sommes
dans son budget 2020 pour la lutte contre la violence conjugale.
Des investissements de 181 millions sur cinq ans avaient été annoncés pour bonifier le plan gouvernemental de lutte contre la violence conjugale et les services offerts par les maisons d’hébergement. De cette somme, un budget de 120 millions leur est réservé pour les cinq prochaines années, afin qu’elles assurent la « pérennité » de leurs services et qu’elles les adaptent aux femmes en situation de vulnérabilité.
« C’était une bonne nouvelle pour nous. On doit s’asseoir avec le ministère pour la suite, car la pandémie nous a amenés à instaurer des mesures qui sont coûteuses », note Mme Monastesse.
- Si vous êtes victime de violence conjugale, vous pouvez appeler la ligne d’urgence de SOS violence conjugale au 1 800 363-9010.
- Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à appeler la Ligne québécoise de prévention du suicide au 1 866 277-3553 ou encore un centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) au 1 866 532-2822.