Qui choisirait de suivre une
« thérapie de conversion » ?
Par Colette Aikema
Le 21 septembre 2021
La réponse à cette question devrait être un « Personne » clair et retentissant, n'est-ce pas ? Et dans la compréhension commune que nous avons de la « thérapie de conversion », clairement, personne ne le ferait. Personne ne se soumettrait sciemment et volontairement à la torture, aux pseudo-thérapies coercitives ou à la castration chimique. Parce que n'est-ce pas ce que
nous entendons tous par « thérapie de conversion » ?
C’est certainement ce que je pensais. Et j'avais hâte de voir un tel traitement banni. Enfin, une occasion pour tous les Canadiens de s'unir pour protéger les personnes LGBTQ contre les préjudices. Et la plupart des Canadiens, y compris les journalistes, ont compris et continuent de comprendre que toutes les discussions sur la « thérapie de conversion » portent sur la coercition et l’abus. Partout dans le monde, à l'exception du Canada, c'est ce que signifie la « thérapie de conversion ».
J'ai donc été désagréablement surpris – choqué même – lorsque j'ai appris la nouvelle définition aberrante du Canada de ce qui est maintenant faussement étiqueté comme « thérapie de conversion ». Dans une définition qui n'est utilisée par aucun organisme de recherche ou juridiction dans le reste du monde, la « thérapie de conversion » a été élargie pour inclure la thérapie comportementale et les groupes de soutien pour ceux dont la sexualité ou le genre les cause de la détresse. Selon la définition du Canada, la thérapie que j'ai volontairement choisi de suivre, serait de la « thérapie de conversion ».
Je me souviens de la première fois que j'ai appris ce qu'était la thérapie. Ma mère venait d'obtenir un emploi en tant que conseillère d'orientation scolaire, et pendant qu'elle expliquait son travail, j'ai écouté avec intérêt. J'ai pensé aux différentes luttes avec lesquelles les jeunes sont aux prises et à quel point s’était important si l’école avait jugé bon d’y dédier un poste. Enfant, je n’aurais jamais pensé un jour avoir besoin du type de soins fournis par des personnes comme ma mère, mais je n'aurais pas pu me tromper davantage.
Je suis devenu accro à la pornographie et au sexe après avoir été agressé sexuellement à l'adolescence. J'ai été agressée par des personnes de ma communauté et incapable de révéler ce qui s'est passé. Il m'a fallu près de 10 ans pour trouver un soulagement des conséquences dévastatrices sur ma santé mentale, et il y a une chose dont je suis sûre : sans l'aide de mon groupe de soutien et de mon thérapeute, je n'y serais pas parvenu. Les pensées suicidaires ont fait partie de mon quotidien et je comprends ce qu'est le stress post-traumatique. Au milieu de toute cette douleur causée par ce traumatisme sexuel, j'avais besoin d'aide.
L'aide que j'ai reçue était multiple. Le groupe de soutien spirituel dont je faisais partie m'a donné une communauté, d'autres qui comprenaient mes douleurs et qui étaient, comme moi, déterminés à chercher Dieu jusqu'au bout, quoi qu'il arrive. Nous nous sommes donné un endroit sécure où il y avait des opportunités d'amitié, d’épanouissement, et la permission de laisser nos réalités et vérités intérieures s'exprimer à haute voix. Ma thérapeute laïque, d'un autre côté, a pu m'aider à travers une thérapie comportementale, me donnant un moyen de surmonter le traumatisme de ce qui s'est passé quand j'étais plus jeune. Elle m'a aidé à découvrir que mon identité n'était pas basée sur ce que je ressentais ou pensais de moi-même ; mon identité était définie par qui m'aimait inconditionnellement
et parfaitement, quelles que soient mes faiblesses.
Alors, qui sont ces personnes qui choisissent de suivre une « thérapie de conversion » ? Pourquoi choisirait-on de chercher de l'aide professionnelle pour gérer ses sentiments et les conséquences de ceux-ci ? Notre objectif chez Aider sans Contraintes est de montrer que dans aucun autre domaine de la santé mentale, nous ne remettons en question notre droit à la thérapie. Ce n'est qu'en raison de la fissure causée par la « thérapie de conversion » du Canada que nous devons justifier nos choix de counseling. Comprenant que le counseling est un élément important du maintien d'une bonne santé mentale, nous réalisons que les personnes qui ont accès au counseling sont des Canadiens de tous types d’arrière-plan. Nous sommes des clients consentants qui ont pris des décisions éclairées concernant notre santé. Nous choisissons d'obtenir de l'aide en tant que personnes de toutes confessions, des chrétiens aux athées en passant par les musulmans. Certains d'entre nous sont adultes, et d’autres ont entamé leur thérapie en tant que mineurs pour de nombreuses raisons différentes. Certains le choisissent parce qu'ils aiment leur femme et leurs enfants et veulent essayer de sauver leur mariage en résistant à leurs attirances homosexuelles. Certains, dans la communauté trans, veulent apprendre à aimer le corps avec lequel ils sont nés. D'autres encore veulent aligner leur comportement avec leurs croyances religieuses. Ceux d'entre nous qui ont fait ce choix devraient être reconnus
dans ce pays et il doit être connu de tous que le counseling nous a aidés.
J'aimerais ne pas avoir à défendre mon droit à des thérapies, et j'espère que personne à l'avenir n'aura à le faire. C'est pourquoi nous travaillons dur non seulement pour partager nos histoires, mais aussi pour faire en sorte que tout le monde puisse continuer à le faire. Maintenant que les attaques contre la « thérapie de conversion » sont plus virulentes[1], il devient encore plus important pour nous de dire la vérité sur cette situation qui est en fait dévastatrice dans ses conséquences.
Il est temps de dissiper les mythes sur ce qu'étaient nos thérapies et pourquoi nous les avons suivie. Au cours des deux dernières années, notre équipe a beaucoup appris sur ce à quoi ressemblent les conversations autour de la « thérapie de conversion ». Pour ceux d'entre nous qui ont été directement impliqués dans des discussions avec des représentants du gouvernement canadien sur ce sujet, nous avons vu des premières loges, à quel point les conversations sur les questions LGBTQ peuvent devenir polarisantes. On nous a interrompus et on nous a dit de tempérer nos commentaires. Nous avons été contre-interrogés par des professionnels universitaires qui n'étaient pas d'accord avec les faits de notre témoignage. Nous avons été censurés de parler aux gouvernements municipaux sur ce sujet.
Mais ce que la plupart des Canadiens ne comprennent pas, ce sont les hypothèses erronées sur lesquelles se fonde la définition de « thérapie de conversion » du Canada. Ceci s’est manifesté clairement sous la forme d’une question posée par un conseiller municipal de Calgary : « Pourquoi quelqu'un recevrait-il des thérapies pour réduire ses attirances ou comportements sexuels ? » En posant cette question, il a suggéré que même le fait de parler de ces types de thérapies et de nos expériences personnelles était à la fois stupide et pas le bienvenu. Le discours de haine et l'homophobie, c'est ce dont nous étions apparemment coupables.
Cela ne devrait pas nous effrayer; au contraire, ça doit nous motiver.
Je continue de suivre une thérapie pour faire face aux défis continuels de ma santé mentale. Parfois, mon comportement est une source de préoccupation, alors nous discutons de la façon dont je gère les situations et s'il peut y avoir une meilleure voie à suivre. Parfois, ce sont mes pensées qui me désolent, et nous utilisons nos séances pour dire la vérité à celles qui ne sont pas utiles à mon rétablissement, rejetant les mensonges qui me démolissent. Lorsque notre détresse est liée à notre sexualité, nous avons besoin de toute l'aide possible.
C'est ce que peut faire une bonne thérapie. Lorsque le changement est souhaité et que de l'aide est disponible, le counseling peut changer complètement nos vies. Ainsi, après avoir entendu un conseiller municipal de Calgary calomnier le type de thérapie que j'ai reçu, je ne pouvais plus garder le silence. Nous vous invitons à vous joindre à nous et à faire de même : parlez, soyez courageux et aimable.
Voir la déclaration de Colette au comité permanent sur le projet de loi C-6
Le 21 septembre 2021
La réponse à cette question devrait être un « Personne » clair et retentissant, n'est-ce pas ? Et dans la compréhension commune que nous avons de la « thérapie de conversion », clairement, personne ne le ferait. Personne ne se soumettrait sciemment et volontairement à la torture, aux pseudo-thérapies coercitives ou à la castration chimique. Parce que n'est-ce pas ce que
nous entendons tous par « thérapie de conversion » ?
C’est certainement ce que je pensais. Et j'avais hâte de voir un tel traitement banni. Enfin, une occasion pour tous les Canadiens de s'unir pour protéger les personnes LGBTQ contre les préjudices. Et la plupart des Canadiens, y compris les journalistes, ont compris et continuent de comprendre que toutes les discussions sur la « thérapie de conversion » portent sur la coercition et l’abus. Partout dans le monde, à l'exception du Canada, c'est ce que signifie la « thérapie de conversion ».
J'ai donc été désagréablement surpris – choqué même – lorsque j'ai appris la nouvelle définition aberrante du Canada de ce qui est maintenant faussement étiqueté comme « thérapie de conversion ». Dans une définition qui n'est utilisée par aucun organisme de recherche ou juridiction dans le reste du monde, la « thérapie de conversion » a été élargie pour inclure la thérapie comportementale et les groupes de soutien pour ceux dont la sexualité ou le genre les cause de la détresse. Selon la définition du Canada, la thérapie que j'ai volontairement choisi de suivre, serait de la « thérapie de conversion ».
Je me souviens de la première fois que j'ai appris ce qu'était la thérapie. Ma mère venait d'obtenir un emploi en tant que conseillère d'orientation scolaire, et pendant qu'elle expliquait son travail, j'ai écouté avec intérêt. J'ai pensé aux différentes luttes avec lesquelles les jeunes sont aux prises et à quel point s’était important si l’école avait jugé bon d’y dédier un poste. Enfant, je n’aurais jamais pensé un jour avoir besoin du type de soins fournis par des personnes comme ma mère, mais je n'aurais pas pu me tromper davantage.
Je suis devenu accro à la pornographie et au sexe après avoir été agressé sexuellement à l'adolescence. J'ai été agressée par des personnes de ma communauté et incapable de révéler ce qui s'est passé. Il m'a fallu près de 10 ans pour trouver un soulagement des conséquences dévastatrices sur ma santé mentale, et il y a une chose dont je suis sûre : sans l'aide de mon groupe de soutien et de mon thérapeute, je n'y serais pas parvenu. Les pensées suicidaires ont fait partie de mon quotidien et je comprends ce qu'est le stress post-traumatique. Au milieu de toute cette douleur causée par ce traumatisme sexuel, j'avais besoin d'aide.
L'aide que j'ai reçue était multiple. Le groupe de soutien spirituel dont je faisais partie m'a donné une communauté, d'autres qui comprenaient mes douleurs et qui étaient, comme moi, déterminés à chercher Dieu jusqu'au bout, quoi qu'il arrive. Nous nous sommes donné un endroit sécure où il y avait des opportunités d'amitié, d’épanouissement, et la permission de laisser nos réalités et vérités intérieures s'exprimer à haute voix. Ma thérapeute laïque, d'un autre côté, a pu m'aider à travers une thérapie comportementale, me donnant un moyen de surmonter le traumatisme de ce qui s'est passé quand j'étais plus jeune. Elle m'a aidé à découvrir que mon identité n'était pas basée sur ce que je ressentais ou pensais de moi-même ; mon identité était définie par qui m'aimait inconditionnellement
et parfaitement, quelles que soient mes faiblesses.
Alors, qui sont ces personnes qui choisissent de suivre une « thérapie de conversion » ? Pourquoi choisirait-on de chercher de l'aide professionnelle pour gérer ses sentiments et les conséquences de ceux-ci ? Notre objectif chez Aider sans Contraintes est de montrer que dans aucun autre domaine de la santé mentale, nous ne remettons en question notre droit à la thérapie. Ce n'est qu'en raison de la fissure causée par la « thérapie de conversion » du Canada que nous devons justifier nos choix de counseling. Comprenant que le counseling est un élément important du maintien d'une bonne santé mentale, nous réalisons que les personnes qui ont accès au counseling sont des Canadiens de tous types d’arrière-plan. Nous sommes des clients consentants qui ont pris des décisions éclairées concernant notre santé. Nous choisissons d'obtenir de l'aide en tant que personnes de toutes confessions, des chrétiens aux athées en passant par les musulmans. Certains d'entre nous sont adultes, et d’autres ont entamé leur thérapie en tant que mineurs pour de nombreuses raisons différentes. Certains le choisissent parce qu'ils aiment leur femme et leurs enfants et veulent essayer de sauver leur mariage en résistant à leurs attirances homosexuelles. Certains, dans la communauté trans, veulent apprendre à aimer le corps avec lequel ils sont nés. D'autres encore veulent aligner leur comportement avec leurs croyances religieuses. Ceux d'entre nous qui ont fait ce choix devraient être reconnus
dans ce pays et il doit être connu de tous que le counseling nous a aidés.
J'aimerais ne pas avoir à défendre mon droit à des thérapies, et j'espère que personne à l'avenir n'aura à le faire. C'est pourquoi nous travaillons dur non seulement pour partager nos histoires, mais aussi pour faire en sorte que tout le monde puisse continuer à le faire. Maintenant que les attaques contre la « thérapie de conversion » sont plus virulentes[1], il devient encore plus important pour nous de dire la vérité sur cette situation qui est en fait dévastatrice dans ses conséquences.
Il est temps de dissiper les mythes sur ce qu'étaient nos thérapies et pourquoi nous les avons suivie. Au cours des deux dernières années, notre équipe a beaucoup appris sur ce à quoi ressemblent les conversations autour de la « thérapie de conversion ». Pour ceux d'entre nous qui ont été directement impliqués dans des discussions avec des représentants du gouvernement canadien sur ce sujet, nous avons vu des premières loges, à quel point les conversations sur les questions LGBTQ peuvent devenir polarisantes. On nous a interrompus et on nous a dit de tempérer nos commentaires. Nous avons été contre-interrogés par des professionnels universitaires qui n'étaient pas d'accord avec les faits de notre témoignage. Nous avons été censurés de parler aux gouvernements municipaux sur ce sujet.
Mais ce que la plupart des Canadiens ne comprennent pas, ce sont les hypothèses erronées sur lesquelles se fonde la définition de « thérapie de conversion » du Canada. Ceci s’est manifesté clairement sous la forme d’une question posée par un conseiller municipal de Calgary : « Pourquoi quelqu'un recevrait-il des thérapies pour réduire ses attirances ou comportements sexuels ? » En posant cette question, il a suggéré que même le fait de parler de ces types de thérapies et de nos expériences personnelles était à la fois stupide et pas le bienvenu. Le discours de haine et l'homophobie, c'est ce dont nous étions apparemment coupables.
Cela ne devrait pas nous effrayer; au contraire, ça doit nous motiver.
Je continue de suivre une thérapie pour faire face aux défis continuels de ma santé mentale. Parfois, mon comportement est une source de préoccupation, alors nous discutons de la façon dont je gère les situations et s'il peut y avoir une meilleure voie à suivre. Parfois, ce sont mes pensées qui me désolent, et nous utilisons nos séances pour dire la vérité à celles qui ne sont pas utiles à mon rétablissement, rejetant les mensonges qui me démolissent. Lorsque notre détresse est liée à notre sexualité, nous avons besoin de toute l'aide possible.
C'est ce que peut faire une bonne thérapie. Lorsque le changement est souhaité et que de l'aide est disponible, le counseling peut changer complètement nos vies. Ainsi, après avoir entendu un conseiller municipal de Calgary calomnier le type de thérapie que j'ai reçu, je ne pouvais plus garder le silence. Nous vous invitons à vous joindre à nous et à faire de même : parlez, soyez courageux et aimable.
Voir la déclaration de Colette au comité permanent sur le projet de loi C-6
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