La face cachée du vapotage chez les ados
À une époque pas aussi lointaine qu’on pourrait le croire, le tabagisme était l’ennemi à abattre chez les adolescents, à l’école comme à la maison. Des années plus tard, c’est le phénomène perçu comme «cool, beau et qui sent bon» du vapotage qui frappe la génération d’aujourd’hui des 12 à 17 ans et les impacts — aussi insidieux soient-ils — peuvent même se faire sentir dans la réussite scolaire.Déterminé à sensibiliser à la fois le milieu scolaire, les parents et les jeunes face à cette réalité, le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) y va de plusieurs initiatives, y compris son plan Génération sans fumée, déployé dans une cinquantaine d’établissements dont récemment à l’école Sainte-Famille / aux Trois-Chemins, à Thurso, une première en Outaouais.
«La situation est préoccupante quand on pense qu’en moins de six ans, il y a cinq fois plus de jeunes qui vapotent et qu’un sur trois le fait régulièrement en quatrième et cinquième secondaire. [...] Il peut y avoir impacts sur le développement du cerveau, il peut y avoir problèmes de concentration, de régulation des émotions, des troubles d’apprentissage aussi. On parle même dans certains cas que ça favorise l’apparition de troubles cognitifs, comme l’anxiété et la dépression. Tout ça, c’est un beau mélange qui fait que pour la réussite scolaire, encore plus dans un contexte pandémique, c’est d’autant plus préoccupant», affirme la directrice générale de l’organisme, Annie Papageorgiou.
Cette dernière rappelle que ce produit a été présenté comme «un style de vie», y compris aux jeunes, qui n’en mesurent pas nécessairement toutes les conséquences et pour qui beaucoup d’éducation reste à faire car l’on se sent souvent infaillible.
«Les jeunes nous disent: on veut être cool mais on se rend compte rapidement que ce n’est plus cool de vapoter parce que c’est comme une béquille, il n’y a plus de liberté. Pour nos ados, c’est important d’être libre. Ça ajoute donc un poids. C’est excessivement cher également. Il y a des jeunes filles sur le terrain qui me disaient qu’elles vapotaient dans leur lit, dans leur chambre, c’est à tout moment. [...] Ce n’est pas facile pour personne de se départir d’une dépendance, et c’est ce qui les frappe, alors qu’ensuite ils sont un peu laissés à eux-mêmes», note-t-elle.
Aux abords de plusieurs écoles secondaires, fumer la cigarette électronique est devenue monnaie courante pour plusieurs ados.
«Ce qu’il ne fut pas oublier, c’est que l’outil est intéressant et bien présenté. C’est beau, c’est technologique, ça goûte bon, ça sent bon. Toutes des choses qu’on ne reproche pas à l’industrie du vapotage mais qu’on reprochait à l’industrie de la cigarette. Sachant que le CQTS est engagé dans la lutte contre le tabac, qu’on a représenté les 100 000 victimes du tabac contre les cigarettières et qu’on a gagné le recours collectif, naïvement on se disait: est-ce que les connaissances par rapport à la cigarette vont se transférer vers le vapotage? On se rend compte que non. L’industrie a été très habile sur comment positionner l’outil», commente Mme Papageorgiou.
«La situation est préoccupante quand on pense qu’en moins de six ans, il y a cinq fois plus de jeunes qui vapotent et qu’un sur trois le fait régulièrement en quatrième et cinquième secondaire. [...] Il peut y avoir impacts sur le développement du cerveau, il peut y avoir problèmes de concentration, de régulation des émotions, des troubles d’apprentissage aussi. On parle même dans certains cas que ça favorise l’apparition de troubles cognitifs, comme l’anxiété et la dépression. Tout ça, c’est un beau mélange qui fait que pour la réussite scolaire, encore plus dans un contexte pandémique, c’est d’autant plus préoccupant», affirme la directrice générale de l’organisme, Annie Papageorgiou.
Cette dernière rappelle que ce produit a été présenté comme «un style de vie», y compris aux jeunes, qui n’en mesurent pas nécessairement toutes les conséquences et pour qui beaucoup d’éducation reste à faire car l’on se sent souvent infaillible.
«Les jeunes nous disent: on veut être cool mais on se rend compte rapidement que ce n’est plus cool de vapoter parce que c’est comme une béquille, il n’y a plus de liberté. Pour nos ados, c’est important d’être libre. Ça ajoute donc un poids. C’est excessivement cher également. Il y a des jeunes filles sur le terrain qui me disaient qu’elles vapotaient dans leur lit, dans leur chambre, c’est à tout moment. [...] Ce n’est pas facile pour personne de se départir d’une dépendance, et c’est ce qui les frappe, alors qu’ensuite ils sont un peu laissés à eux-mêmes», note-t-elle.
Aux abords de plusieurs écoles secondaires, fumer la cigarette électronique est devenue monnaie courante pour plusieurs ados.
«Ce qu’il ne fut pas oublier, c’est que l’outil est intéressant et bien présenté. C’est beau, c’est technologique, ça goûte bon, ça sent bon. Toutes des choses qu’on ne reproche pas à l’industrie du vapotage mais qu’on reprochait à l’industrie de la cigarette. Sachant que le CQTS est engagé dans la lutte contre le tabac, qu’on a représenté les 100 000 victimes du tabac contre les cigarettières et qu’on a gagné le recours collectif, naïvement on se disait: est-ce que les connaissances par rapport à la cigarette vont se transférer vers le vapotage? On se rend compte que non. L’industrie a été très habile sur comment positionner l’outil», commente Mme Papageorgiou.
La directrice Hélène Contant, la directrice adjointe Anne Meunier et l’intervenante en toxicomanie Michelle Gray en compagnie des élèves de l’école école Sainte-Famille / Aux-Trois-Chemins, Dylan Arseneault, Jason Bigelow, Benajmin Guidon Labelle et Eloyk Lacouline.
LE DROIT, ÉTIENNE RANGER«UN DEVOIR D’ÉDUCATION»
Face à l’ampleur de ce phénomène aux conséquences sournoises, l’école Sainte-Famille / Aux-Trois-Chemins, qui compte 220 élèves, a décidé de joindre le mouvement Génération sans fumée cet automne.
«C’est présent ici comme ailleurs et on voulait promouvoir de saines habitudes de vie auprès de nos élèves. On pense qu’on a un devoir d’éducation, pas juste d’instruction ou de promotion de qualification, de diplomation. On veut intervenir en guise de prévention. Ce n’est pas une majorité, mais il y a toujours un groupe qui a tendance à se réunir aux pauses et à l’heure du lunch pour vapoter. [...] Ce projet nous permet de faire de la sensibilisation avec des ateliers clé en main. Ça créé des discussions de groupe. Le côté bénéfique, c’est que certains disent: je ne savais pas ça, alors ça ne m’intéresse plus. Il y a de la méconnaissance», dit la directrice de l’école, Hélène Contant.
Éliminer les saveurs
Le CQTS croit qu’il est plus que temps qu’on encadre le vapotage avec de la réglementation, hormis la concentration en nicotine maximale de 20 mg/mL établie par le fédéral, par exemple en éliminant les saveurs.
«On faillit un peu à notre devoir présentement. On sait que les saveurs, c’est l’outil d’entrée,
l’initiation pour les ados», soutient Annie Papageorgiou.
Le plan Génération sans fumée s’avère un «accompagnement personnalisé et adapté à la réalité de chaque école» dans le but de sonder le terrain, faire de la prévention et mettre à la disposition des élèves et du personnel des outils «qui correspondent à leurs besoins».
«Les jeunes sont influençables, entre autres avec Instagram et Facebook. C’est attrayant pour eux, il y a plein de couleurs. Beaucoup de parents achètent une vapoteuse à leur ado en se disant qu’ils préfèrent le vapotage à la cigarette. Ce n’est pas une bonne idée. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’il y a des produits chimiques dans le liquide qui s’y trouve», explique l’intervenante en toxicomanie Michelle Gray.
Le CQTS invite également les parents à se tourner vers son site www.parlonsenmaintenant.ca pour bien comprendre le phénomène du vapotage et avoir des conseils ouvrir une discussion bienveillante avec leurs ados.
«On a tendance à penser que tout se passe à l’école, mais si à l’école ils entendent un message et qu’ils retournent à la maison et réentendent le même message, je pense qu’on fait bien notre travail», conclut Mme Papageorgiou.
Le Conseil québécois sur le tabac et la santé milite pour un meilleur encadrement du vapotage.
LE DROIT, SIMON SÉGUIN-BERTRANDQuelques faits et chiffres
• Un élève sur trois vapote en quatrième et cinquième secondaire
• La consommation de produits de vapotage chez les jeunes a été multipliée par cinq depuis 2013, passant de 4 à 21%
(le tabac est passé de 12 à 9%)
• 30% des jeunes du secondaire vapotent tous les jours ou presque
• 83% des jeunes vapoteurs estiment que la cigarette électronique entraîne un risque modéré ou élevé pour la santé si on vapote régulièrement (92% des non vapoteurs le pensent)
• 72% des ados se font donner les produits par des amis (39% demandent à un tiers de leur en procurer)
• Le vapotage affecte les capacités d’apprentissage et la régulation des émotions; il peut être à la source de troubles de mémoire et de difficultés à se concentrer, entre autres
Source: Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) et Institut de la statistique du Québec (ISQ)
LE DROIT, SIMON SÉGUIN-BERTRANDQuelques faits et chiffres
• Un élève sur trois vapote en quatrième et cinquième secondaire
• La consommation de produits de vapotage chez les jeunes a été multipliée par cinq depuis 2013, passant de 4 à 21%
(le tabac est passé de 12 à 9%)
• 30% des jeunes du secondaire vapotent tous les jours ou presque
• 83% des jeunes vapoteurs estiment que la cigarette électronique entraîne un risque modéré ou élevé pour la santé si on vapote régulièrement (92% des non vapoteurs le pensent)
• 72% des ados se font donner les produits par des amis (39% demandent à un tiers de leur en procurer)
• Le vapotage affecte les capacités d’apprentissage et la régulation des émotions; il peut être à la source de troubles de mémoire et de difficultés à se concentrer, entre autres
Source: Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) et Institut de la statistique du Québec (ISQ)
DANIEL LEBLANC
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