Plus d’enfants aux urgences au Canada pour intoxication au cannabis
Une étude publiée dans la revue médicale spécialisée en sciences biomédicales, JAMA Network Open révèle que les consultations d’enfants de moins de 10 ans dans les urgences au Canada se sont multipliées par neuf depuis la légalisation du cannabis récréatif au pays. Des chercheurs de l’ICES (organisme à but non lucratif qui collige les données de santé de la population de l’Ontario), de l’Institut de recherche Bruyère, du Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances et de l’Hôpital SickKids de Toronto ont aussi participé à la recherche qui touche principalement l’Ontario.
Il s’agit de l’un des premiers portraits brossés par des chercheurs sur le sujet dans l’ensemble du pays depuis la légalisation du cannabis par le gouvernement fédéral le 17 octobre 2018, évoque le communiqué de presse relayé par l’université d’Ottawa. «Nous avons constaté une augmentation de la fréquence et de la gravité des cas d’intoxication au cannabis chez les enfants de moins de 10 ans après la légalisation du cannabis», affirme le Dr Daniel Myran, auteur principal de l’étude, médecin de famille, spécialiste en santé publique et en médecine préventive et boursier postdoctoral à L’Hôpital d’Ottawa et au Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa.
Deux enfants dans le comaUne situation reflétée dans le quotidien de la Dr Caitlin Prendergast, urgentologue pédiatrique au CHEO d’Ottawa qui a observé pas moins de 6 cas d’enfants de moins de 6 ans intoxiqués au cannabis depuis qu’elle est patronne de l’urgence en 2018.
Il s’agit de l’un des premiers portraits brossés par des chercheurs sur le sujet dans l’ensemble du pays depuis la légalisation du cannabis par le gouvernement fédéral le 17 octobre 2018, évoque le communiqué de presse relayé par l’université d’Ottawa. «Nous avons constaté une augmentation de la fréquence et de la gravité des cas d’intoxication au cannabis chez les enfants de moins de 10 ans après la légalisation du cannabis», affirme le Dr Daniel Myran, auteur principal de l’étude, médecin de famille, spécialiste en santé publique et en médecine préventive et boursier postdoctoral à L’Hôpital d’Ottawa et au Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa.
Deux enfants dans le comaUne situation reflétée dans le quotidien de la Dr Caitlin Prendergast, urgentologue pédiatrique au CHEO d’Ottawa qui a observé pas moins de 6 cas d’enfants de moins de 6 ans intoxiqués au cannabis depuis qu’elle est patronne de l’urgence en 2018.
« Ce n’est pas nécessairement de la négligence des parents. Le plus souvent, c’est plutôt un bête accident d’un bébé qui rampe et qui trouve des jujubes au cannabis, ou d’un autre enfant qui sait où ses parents cachent le chocolat à la marijuana
qui contient une forte quantité de THC.»
-- Dr Caitlin Prendergast, urgentologue pédiatrique au CHEO
La médecin rapporte que les cas d’intoxication des enfants au cannabis survient surtout durant l’été. «J’ai soigné deux enfants qui sont tombés dans le coma après avoir consommé accidentellement du cannabis au cours de l’été 2019», rapporte-t-elle. «Le plus difficile c'est quand on cherche la cause, quand c’est un coma non-différencié. Avant de penser au cannabis, on pense AVC, trauma, maladies infectieuses ou autre. C’est ça qui est le plus compliqué. Avant de réaliser qu’il y avait du cannabis dans la maison», ajoute l’urgentologue. Et comme il n’y a pas d’antidote pour soigner ce type d’intoxication chez les enfants, ils doivent métaboliser la drogue sous supervision médicale.
qui contient une forte quantité de THC.»
-- Dr Caitlin Prendergast, urgentologue pédiatrique au CHEO
La médecin rapporte que les cas d’intoxication des enfants au cannabis survient surtout durant l’été. «J’ai soigné deux enfants qui sont tombés dans le coma après avoir consommé accidentellement du cannabis au cours de l’été 2019», rapporte-t-elle. «Le plus difficile c'est quand on cherche la cause, quand c’est un coma non-différencié. Avant de penser au cannabis, on pense AVC, trauma, maladies infectieuses ou autre. C’est ça qui est le plus compliqué. Avant de réaliser qu’il y avait du cannabis dans la maison», ajoute l’urgentologue. Et comme il n’y a pas d’antidote pour soigner ce type d’intoxication chez les enfants, ils doivent métaboliser la drogue sous supervision médicale.
Le Dr. Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie du CHU Ste-Justine estime que l'accessibilité de certains types de produits dérivés du cannabis en Ontario favorisent
une hausse des consultations à l'urgence.
COURTOISIELa différence entre le Québec et l’Ontario
Le portrait au Québec est beaucoup plus reluisant. Des données en grande partie attribuables aux produits complètement différents qui se retrouvent sur les tablettes des magasins de l’Ontario et du Québec selon le Dr Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie du CHU Ste-Justine et qui suit de très près les études sur la question.
« Les données canadiennes sont «boostées» par les données de l’Ontario alors que des produits dérivés du cannabis comme des barres de chocolat, des gelées, des jujubes ou des brownies sont accessibles dans les magasins. Des produits
qui ne sont pas vendus à la SQDC au Québec. »
-- Dr Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie du CHU Ste-Justine
«Sur le marché légal au Québec, on retrouve des herbes, des huiles et des boissons tout au plus», rapporte le chercheur, «ce qui est moins tentant pour les enfants».
La méthodologieL’étude menée par cette revue scientifique, JAMA Network Open, souligne que l’équipe de recherche a examiné toutes les visites aux urgences en Ontario pendant trois moments-clés : avant la légalisation, après la légalisation des produits et des huiles de cannabis à base de fleurs en octobre 2018, puis après la légalisation des produits comestibles commerciaux de cannabis (par exemple des gélifiés et des chocolats) et d’autres produits vers la fin de janvier 2020. Ce sont 522 visites aux urgences d’enfants de moins de 10 ans qui ont eu lieu, dont l’âge moyen était de 3 ans et 9 mois. Ces données ont été colligées pendant toute la durée de l’étude soit de janvier 2016 à mars 2021.
Le communiqué de presse relatant l’étude ne rapporte aucun décès. Toutefois, 171 (32,7 %) enfants concernés ont été hospitalisés et 19 (3,6 %) ont reçu des soins intensifs.
«La plus forte hausse des visites aux urgences en raison d’une intoxication au cannabis a été observée après la légalisation des produits comestibles commerciaux et une plus grande part de ces visites ont été suivies d’une hospitalisation par comparaison aux deux autres périodes (39 % vs 25 %)», selon les chercheurs.
une hausse des consultations à l'urgence.
COURTOISIELa différence entre le Québec et l’Ontario
Le portrait au Québec est beaucoup plus reluisant. Des données en grande partie attribuables aux produits complètement différents qui se retrouvent sur les tablettes des magasins de l’Ontario et du Québec selon le Dr Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie du CHU Ste-Justine et qui suit de très près les études sur la question.
« Les données canadiennes sont «boostées» par les données de l’Ontario alors que des produits dérivés du cannabis comme des barres de chocolat, des gelées, des jujubes ou des brownies sont accessibles dans les magasins. Des produits
qui ne sont pas vendus à la SQDC au Québec. »
-- Dr Nicholas Chadi, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie du CHU Ste-Justine
«Sur le marché légal au Québec, on retrouve des herbes, des huiles et des boissons tout au plus», rapporte le chercheur, «ce qui est moins tentant pour les enfants».
La méthodologieL’étude menée par cette revue scientifique, JAMA Network Open, souligne que l’équipe de recherche a examiné toutes les visites aux urgences en Ontario pendant trois moments-clés : avant la légalisation, après la légalisation des produits et des huiles de cannabis à base de fleurs en octobre 2018, puis après la légalisation des produits comestibles commerciaux de cannabis (par exemple des gélifiés et des chocolats) et d’autres produits vers la fin de janvier 2020. Ce sont 522 visites aux urgences d’enfants de moins de 10 ans qui ont eu lieu, dont l’âge moyen était de 3 ans et 9 mois. Ces données ont été colligées pendant toute la durée de l’étude soit de janvier 2016 à mars 2021.
Le communiqué de presse relatant l’étude ne rapporte aucun décès. Toutefois, 171 (32,7 %) enfants concernés ont été hospitalisés et 19 (3,6 %) ont reçu des soins intensifs.
«La plus forte hausse des visites aux urgences en raison d’une intoxication au cannabis a été observée après la légalisation des produits comestibles commerciaux et une plus grande part de ces visites ont été suivies d’une hospitalisation par comparaison aux deux autres périodes (39 % vs 25 %)», selon les chercheurs.
Ce sont 522 visites aux urgences d’enfants de moins de 10 ans qui ont eu lieu dans les hôpitaux de l'Ontario, dont l’âge moyen était de 3 ans et 9 mois, selon l'étude.
ARCHIVES LE DROIT, SIMON SÉGUIN-BERTRANDRésultats de l’étude
Avant la légalisation (janvier 2016 à septembre 2018)
Nombre total de visites aux urgences : 81
Nombre moyen de visites par mois aux urgences : 2,5
Pourcentage de visites aux urgences suivies d’une hospitalisation : 25 %
Légalisation de fleurs, de graines et d’huiles de cannabis (octobre 2018 à janvier 2020)
Nombre total de visites aux urgences : 124
Nombre moyen de visites par mois aux urgences : 7,8
Augmentation mensuelle moyenne des visites aux urgences par comparaison à la période précédant la légalisation : 3 fois
Pourcentage de visites aux urgences suivies d’une hospitalisation : 24 %
Légalisation de produits comestibles et d’autres produits (février 2020 à mars 2021)
Nombre total de visites aux urgences : 317
Nombre moyen de visites par mois aux urgences : 22,6
Augmentation mensuelle moyenne des visites aux urgences par comparaison à la période précédant la légalisation : 9 fois
Pourcentage de visites aux urgences suivies d’une hospitalisation : 39 %
Empoisonnements au cannabis en hausseLes chercheurs ont constaté une diminution des visites aux urgences en raison de tout type d’empoisonnement infantile en Ontario pendant la pandémie, sauf dans le cas des empoisonnements au cannabis, qui étaient en hausse. Après la commercialisation de ce type de produits, près de 10 % de toutes les visites aux urgences en raison d’un empoisonnement infantile en Ontario étaient liées au cannabis. C’est un tout autre portrait au CHU Ste-Justine.
« Moins de 5 cas par année d’intoxication au cannabis sont rapportés à l’urgence du CHU Ste-Justine pour des enfants de moins de 12 ans depuis 2017, soit depuis la légalisation du produit. Ce qui est très peu.
ARCHIVES LE DROIT, SIMON SÉGUIN-BERTRANDRésultats de l’étude
Avant la légalisation (janvier 2016 à septembre 2018)
Nombre total de visites aux urgences : 81
Nombre moyen de visites par mois aux urgences : 2,5
Pourcentage de visites aux urgences suivies d’une hospitalisation : 25 %
Légalisation de fleurs, de graines et d’huiles de cannabis (octobre 2018 à janvier 2020)
Nombre total de visites aux urgences : 124
Nombre moyen de visites par mois aux urgences : 7,8
Augmentation mensuelle moyenne des visites aux urgences par comparaison à la période précédant la légalisation : 3 fois
Pourcentage de visites aux urgences suivies d’une hospitalisation : 24 %
Légalisation de produits comestibles et d’autres produits (février 2020 à mars 2021)
Nombre total de visites aux urgences : 317
Nombre moyen de visites par mois aux urgences : 22,6
Augmentation mensuelle moyenne des visites aux urgences par comparaison à la période précédant la légalisation : 9 fois
Pourcentage de visites aux urgences suivies d’une hospitalisation : 39 %
Empoisonnements au cannabis en hausseLes chercheurs ont constaté une diminution des visites aux urgences en raison de tout type d’empoisonnement infantile en Ontario pendant la pandémie, sauf dans le cas des empoisonnements au cannabis, qui étaient en hausse. Après la commercialisation de ce type de produits, près de 10 % de toutes les visites aux urgences en raison d’un empoisonnement infantile en Ontario étaient liées au cannabis. C’est un tout autre portrait au CHU Ste-Justine.
« Moins de 5 cas par année d’intoxication au cannabis sont rapportés à l’urgence du CHU Ste-Justine pour des enfants de moins de 12 ans depuis 2017, soit depuis la légalisation du produit. Ce qui est très peu.
Le THC plus nocif pour les enfants«Les conséquences pour un enfant de 2-3 ans qui consomme accidentellement du cannabis peuvent être graves. La quantité de THC dans le produit peut les étourdir, les endormir, les rendre anxieux», rapporte le chercheur. Alors que de plus en plus de pays envisagent de légaliser le cannabis récréatif, le Dr Chadi et la Dr Prendergast soulignent que 4 ans après sa légalisation, le moment est venu de constater si les politiques publiques en place font leur travail de prévention adéquatement. «Il faut d’autres mesures pour réduire l’attrait des produits comestibles pour les jeunes enfants. Par exemple, il faut imposer des contraintes plus strictes sur l’apparence et le goût des produits comestibles une fois qu’ils sont sortis de leur emballage, notamment en Ontario où la quantité de produits tentants
pouvant se retrouver dans les maisons est plus grande.»
Autre étude en coursLe Dr Chadi rappelle aussi qu’une étude est actuellement menée par le Dr Richard Bélanger, pédiatre au CHUL à Québec du programme canadien de surveillance pédiatrique. À travers le Canada, on a relevé 36 cas (dont 10 au Québec) d’événements graves et au potentiel mortel associés à la consommation de cannabis à des fins non-médicales chez les moins de 18 ans en 2019, et 48 cas en 2020. Les résultats pour 2021 sont à venir. Il s’agit de cas rapportés par des pédiatres en pratique à travers le Canada.
Le Centre antipoison de l’Ontario au 1 800 268‑9017 demeure la référence si votre enfant consomme du cannabis accidentellement.
Au Québec, le Centre antipoison est ouvert en tout temps au 1-800-463-5060.
pouvant se retrouver dans les maisons est plus grande.»
Autre étude en coursLe Dr Chadi rappelle aussi qu’une étude est actuellement menée par le Dr Richard Bélanger, pédiatre au CHUL à Québec du programme canadien de surveillance pédiatrique. À travers le Canada, on a relevé 36 cas (dont 10 au Québec) d’événements graves et au potentiel mortel associés à la consommation de cannabis à des fins non-médicales chez les moins de 18 ans en 2019, et 48 cas en 2020. Les résultats pour 2021 sont à venir. Il s’agit de cas rapportés par des pédiatres en pratique à travers le Canada.
Le Centre antipoison de l’Ontario au 1 800 268‑9017 demeure la référence si votre enfant consomme du cannabis accidentellement.
Au Québec, le Centre antipoison est ouvert en tout temps au 1-800-463-5060.
MARIE-PIERRE ROY-CARBONNEAU
Le Droit
https://www.ledroit.com/2022/01/08/plus-denfants-aux-urgences-au-canada-pour-intoxication-au-cannabis-7c4adca72ec1cd75582e373983f7f669?utm_source=omerlo&utm_medium=mailer&utm_campaign=Le+tramway+%C3%A0+Gatineau+%3F+Pas+fait
Le Droit
https://www.ledroit.com/2022/01/08/plus-denfants-aux-urgences-au-canada-pour-intoxication-au-cannabis-7c4adca72ec1cd75582e373983f7f669?utm_source=omerlo&utm_medium=mailer&utm_campaign=Le+tramway+%C3%A0+Gatineau+%3F+Pas+fait