SOS violence conjugale: la moitié des femmes en détresse n'ont pas de place pour se réfugier
La moitié des femmes qui appellent chez SOS violence conjugale pour se réfugier à l'abri d'un homme violent ne trouvent pas de place en ce moment dans les maisons d'hébergement du Québec. En temps normal, SOS violence conjugale ne trouve pas de place pour environ 30 % à 35 % des femmes qui font une demande d'hébergement. Mais la forte hausse des appels depuis le couvre-feu, notamment, a fait grimper ce taux à 50 %.
Lorsque des femmes font ce genre de demande urgente, «c'est fort probablement parce que, là, elles sentent que le danger est présent, soit pour elles, soit pour leurs enfants», explique Claudine Thibaudeau, de SOS violence conjugale.
Après une année pandémique 2021 où 26 femmes ont été assassinées au Québec — un sommet depuis 2008 —, le manque de places en maison d'hébergement en ce début de 2022 fait craindre le pire chez SOS violence conjugale.
«Nous, c'est notre peur : chaque fois qu'on dit non [à une demande d'hébergement], on a toujours une petit arrière pensé en se disant : "est-ce que ça va être la fois où il va y arriver un féminicide?», dit Mme Thibaudeau.
«Quand on a une demande d'hébergement, il faudrait toujours pouvoir dire oui», ajoute-t-elle.
Forte hausse des appels depuis le couvre-feuAu Québec, SOS violence conjugale est souvent la porte d'entrée des services d'aide pour les femmes aux prises avec un homme violent.
En 2021, l'organisme a reçu une moyenne 112 appels par jour. Depuis le début 2022 — et l'entrée en vigueur du couvre-feu le 31 décembre —, les appels ont bondi à 184 par jour.
S'il est difficile d'établir un lien de cause à effet entre cette forte hausse et le couvre-feu, Mme Thibaudeau souligne que cette mesure peut contraindre davantage les femmes coincées avec des hommes violents.
«Plus il y a de mesures sanitaires qui font en sorte de limiter les opportunités [de fuite] des victimes,
plus ça risque de faire escalader la violence», dit-elle.
SOS violence rappelle que, malgré le couvre-feu entre 22h et 5h, les femmes qui veulent fuir la violence conjugale ne doivent jamais hésiter à sortir de chez elle, peu importe l'heure.
«Au bord du bris de service»De nombreuses maisons d'hébergement québécoises frisaient déjà un taux d'occupation de 100 % en 2021, indique Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
La hausse actuelle des maisons d'hébergement exige des «un plan B et un plan C», dit Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
Par exemple, des femmes aux prises avec un homme violent doivent se déplacer dans des maisons d'hébergement dans d'autres régions ou loger dans le salon d'une maison déjà remplie.
«On ne veut pas envoyer le message qu'il ne faut appeler parce qu'il n'y a pas de place,
mais c'est quand même un défi majeur», dit Mme Monastesse.
En plus de composer avec la hausse des demandes d'hébergement, les maisons qui accueillent des femmes victimes de violence conjugale doivent aussi faire face à une pénurie de personnel.
«Là, le problème, c'est vraiment le variant Omicron, dit Manon Monastesse. Le taux de contagion est exponentiel, même dans nos équipes».
Un peu partout au Québec, par exemple, des maisons qui comptent sur des équipes de 15 à 20 personnes sont privées de la moitié de leurs employées à cause du virus, note Mme Monastesse.
Ce manque d'effectif accentue la pression sur les maisons d'hébergement. «Là, vraiment,
toutes les maisons sont au bord du bris de service», dit Manon Monastesse.
La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes devait rencontrer lundi en fin d'après-midi des représentants du ministère de la Santé et des services sociaux pour discuter de moyens d'éviter la rupture de service.
La Fédération plaidera notamment pour obtenir plus de tests de dépistage de la COVID-19.
«Si on ne peut pas assurer notre mandat, c'est évident que ça va mettre des femmes, des enfants, dans des situations d'extrême dangerosité, dit Manon Monastesse. Et on ne veut surtout pas revivre la vague de féminicides qu'on a connue.»
**
Les victimes de violence conjugale peuvent contacter SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010 ou consultez le https://sosviolenceconjugale.ca/fr
Lorsque des femmes font ce genre de demande urgente, «c'est fort probablement parce que, là, elles sentent que le danger est présent, soit pour elles, soit pour leurs enfants», explique Claudine Thibaudeau, de SOS violence conjugale.
Après une année pandémique 2021 où 26 femmes ont été assassinées au Québec — un sommet depuis 2008 —, le manque de places en maison d'hébergement en ce début de 2022 fait craindre le pire chez SOS violence conjugale.
«Nous, c'est notre peur : chaque fois qu'on dit non [à une demande d'hébergement], on a toujours une petit arrière pensé en se disant : "est-ce que ça va être la fois où il va y arriver un féminicide?», dit Mme Thibaudeau.
«Quand on a une demande d'hébergement, il faudrait toujours pouvoir dire oui», ajoute-t-elle.
Forte hausse des appels depuis le couvre-feuAu Québec, SOS violence conjugale est souvent la porte d'entrée des services d'aide pour les femmes aux prises avec un homme violent.
En 2021, l'organisme a reçu une moyenne 112 appels par jour. Depuis le début 2022 — et l'entrée en vigueur du couvre-feu le 31 décembre —, les appels ont bondi à 184 par jour.
S'il est difficile d'établir un lien de cause à effet entre cette forte hausse et le couvre-feu, Mme Thibaudeau souligne que cette mesure peut contraindre davantage les femmes coincées avec des hommes violents.
«Plus il y a de mesures sanitaires qui font en sorte de limiter les opportunités [de fuite] des victimes,
plus ça risque de faire escalader la violence», dit-elle.
SOS violence rappelle que, malgré le couvre-feu entre 22h et 5h, les femmes qui veulent fuir la violence conjugale ne doivent jamais hésiter à sortir de chez elle, peu importe l'heure.
«Au bord du bris de service»De nombreuses maisons d'hébergement québécoises frisaient déjà un taux d'occupation de 100 % en 2021, indique Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
La hausse actuelle des maisons d'hébergement exige des «un plan B et un plan C», dit Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.
Par exemple, des femmes aux prises avec un homme violent doivent se déplacer dans des maisons d'hébergement dans d'autres régions ou loger dans le salon d'une maison déjà remplie.
«On ne veut pas envoyer le message qu'il ne faut appeler parce qu'il n'y a pas de place,
mais c'est quand même un défi majeur», dit Mme Monastesse.
En plus de composer avec la hausse des demandes d'hébergement, les maisons qui accueillent des femmes victimes de violence conjugale doivent aussi faire face à une pénurie de personnel.
«Là, le problème, c'est vraiment le variant Omicron, dit Manon Monastesse. Le taux de contagion est exponentiel, même dans nos équipes».
Un peu partout au Québec, par exemple, des maisons qui comptent sur des équipes de 15 à 20 personnes sont privées de la moitié de leurs employées à cause du virus, note Mme Monastesse.
Ce manque d'effectif accentue la pression sur les maisons d'hébergement. «Là, vraiment,
toutes les maisons sont au bord du bris de service», dit Manon Monastesse.
La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes devait rencontrer lundi en fin d'après-midi des représentants du ministère de la Santé et des services sociaux pour discuter de moyens d'éviter la rupture de service.
La Fédération plaidera notamment pour obtenir plus de tests de dépistage de la COVID-19.
«Si on ne peut pas assurer notre mandat, c'est évident que ça va mettre des femmes, des enfants, dans des situations d'extrême dangerosité, dit Manon Monastesse. Et on ne veut surtout pas revivre la vague de féminicides qu'on a connue.»
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Les victimes de violence conjugale peuvent contacter SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010 ou consultez le https://sosviolenceconjugale.ca/fr
MARC ALLARD
Le Soleil
https://www.lesoleil.com/2022/01/10/sos-violence-conjugale-la-moitie-des-femmes-en-detresse-nont-pas-de-place-pour-se-refugier-e1c5920852825ccfc94db8fe96279d66?utm_source=omerlo&utm_medium=mailer&utm_campaign=Le+r%C3%A9sum%C3%A9+du+soir+%3A+le+Carnaval+de+Qu%C3%A9bec+r%C3%A9siste+%C3%A0+Omicron
Le Soleil
https://www.lesoleil.com/2022/01/10/sos-violence-conjugale-la-moitie-des-femmes-en-detresse-nont-pas-de-place-pour-se-refugier-e1c5920852825ccfc94db8fe96279d66?utm_source=omerlo&utm_medium=mailer&utm_campaign=Le+r%C3%A9sum%C3%A9+du+soir+%3A+le+Carnaval+de+Qu%C3%A9bec+r%C3%A9siste+%C3%A0+Omicron