Ne pas voir de la transphobie partout
La question trans, pour reprendre la formule de la philosophe Claude Habib, qui lui a consacré un passionnant ouvrage, a, en l’espace de quelques années, pris une place immense dans les sociétés occidentales.
Il y a quelques années encore, un individu affirmant qu’on peut décider, selon son ressenti, de son « genre » aurait semblé incompréhensible. Un homme est un homme, une femme est une femme, et les deux ne sont pas interchangeables.
Telle était l’évidence unanimement partagée. On aimait même dire que le Parlement avait tous les pouvoirs, sauf celui de transformer un homme en femme. C’était une manière de dire que les limites imposées par la nature ne dépendent
pas de la volonté humaine. La nature a ses droits, en quelque sorte.
Ressenti
Mais nous n’en sommes plus convaincus. La théorie du genre a prétendu dissocier le genre du sexe – en gros, la manière qu’a un individu de se représenter son rapport au masculin et au féminin de son identité biologique. Il ne s’agissait plus seulement d’affirmer que la signification du masculin et du féminin varie selon les sociétés et les époques, mais que l’individu peut s’y identifier indépendamment de son sexe biologique.
On a ensuite radicalisé cette théorie en affirmant que l’individu pouvait même se soustraire à la dualité masculin-féminin. C’est ce qu’on appelle l’identité non binaire, qui se veut fluide, et se dérobant aux catégories sexuelles. C’est pour la définir que le dictionnaire Robert a introduit récemment le mot « iel » dans ses pages.
Tout cela peut sembler bien complexe, même contre-intuitif. Certains y voient un discours universitaire associé à la gauche radicale n’ayant pas trop d’influence dans la vie ordinaire.
Mais on commence à comprendre que tel n’est pas le cas. Et cette théorie remodèle à grande vitesse nos sociétés.
Il y a quelques années encore, un individu affirmant qu’on peut décider, selon son ressenti, de son « genre » aurait semblé incompréhensible. Un homme est un homme, une femme est une femme, et les deux ne sont pas interchangeables.
Telle était l’évidence unanimement partagée. On aimait même dire que le Parlement avait tous les pouvoirs, sauf celui de transformer un homme en femme. C’était une manière de dire que les limites imposées par la nature ne dépendent
pas de la volonté humaine. La nature a ses droits, en quelque sorte.
Ressenti
Mais nous n’en sommes plus convaincus. La théorie du genre a prétendu dissocier le genre du sexe – en gros, la manière qu’a un individu de se représenter son rapport au masculin et au féminin de son identité biologique. Il ne s’agissait plus seulement d’affirmer que la signification du masculin et du féminin varie selon les sociétés et les époques, mais que l’individu peut s’y identifier indépendamment de son sexe biologique.
On a ensuite radicalisé cette théorie en affirmant que l’individu pouvait même se soustraire à la dualité masculin-féminin. C’est ce qu’on appelle l’identité non binaire, qui se veut fluide, et se dérobant aux catégories sexuelles. C’est pour la définir que le dictionnaire Robert a introduit récemment le mot « iel » dans ses pages.
Tout cela peut sembler bien complexe, même contre-intuitif. Certains y voient un discours universitaire associé à la gauche radicale n’ayant pas trop d’influence dans la vie ordinaire.
Mais on commence à comprendre que tel n’est pas le cas. Et cette théorie remodèle à grande vitesse nos sociétés.
Il suffit de se tourner vers les États-Unis pour s’en convaincre. Une histoire, en Ohio, suscite en ce moment de grandes passions. Il faut dire que la même chose pourrait arriver au Québec demain matin.
Un homme s’appelait Will. Il s’entraînait ardemment pour la natation. Il est devenu Lia. Et il fait désormais
de la natation de compétition dans les catégories féminines.
On se doute de la suite : il empile les exploits et bat les records.
On devine la suite de la suite : les nageuses féminines non trans se sentent lésées par ce qu’elles assimilent à une compétition illégitime. Elles disent subir une injustice. Faut-il les blâmer de dire les choses ainsi ?
Car l’homme, même en devenant femme, conserve une force physique supérieure à celles qu’il dit rejoindre.
Nuances
Que retenir de cette histoire américaine ?
Que certains commentateurs « progressistes », qui croient se rallier au camp du bien en embrassant sans la moindre nuance les revendications trans, devraient nuancer leur enthousiasme en se demandant s’ils ont bien évalué toutes les conséquences de cette philosophie.
Le ressenti n’est pas un absolu.
J’ajoute que ces nuances ne relèvent pas de la transphobie.
Un homme s’appelait Will. Il s’entraînait ardemment pour la natation. Il est devenu Lia. Et il fait désormais
de la natation de compétition dans les catégories féminines.
On se doute de la suite : il empile les exploits et bat les records.
On devine la suite de la suite : les nageuses féminines non trans se sentent lésées par ce qu’elles assimilent à une compétition illégitime. Elles disent subir une injustice. Faut-il les blâmer de dire les choses ainsi ?
Car l’homme, même en devenant femme, conserve une force physique supérieure à celles qu’il dit rejoindre.
Nuances
Que retenir de cette histoire américaine ?
Que certains commentateurs « progressistes », qui croient se rallier au camp du bien en embrassant sans la moindre nuance les revendications trans, devraient nuancer leur enthousiasme en se demandant s’ils ont bien évalué toutes les conséquences de cette philosophie.
Le ressenti n’est pas un absolu.
J’ajoute que ces nuances ne relèvent pas de la transphobie.
MATHIEU BOCK-CÔTÉ
JOURNAL DE MONTRÉAL
https://www.journaldemontreal.com/2021/12/09/ne-pas-voir-de-la-transphobie-partout
JOURNAL DE MONTRÉAL
https://www.journaldemontreal.com/2021/12/09/ne-pas-voir-de-la-transphobie-partout